Née Michelle Cortes, en 1933, à Tipaza (à une soixantaine de km à l’ouest d’Alger), Françoise Fabian a écrit, avec la collaboration de Philippe Rège [spécialiste de cinéma et ayant aussi participé à l’écriture des souvenirs des acteurs, Jacques Dufilho (en 2005) et Jean-Pierre Kalfon (en 2018)] ses mémoires à 73 ans. Le temps est le fil conducteur de ses souvenirs, à travers le titre et les 9 chapitres. Il s’agit vraiment de souvenirs, pas toujours passionnants (inventaire de personnes rencontrées) et qui manquent souvent de précisions (date des films tournés, nom du réalisateur, etc.). Heureusement que les dernières pages du livre comportent la liste des films, pièces de théâtre et téléfilms où elle a joué. C’est le problème des mémoires de nombreux auteurs qui ne peuvent passionner que leurs proches ou ceux qui les ont connus. Autre problème, celui de leur véracité et/ou exactitude : comment être aussi précis des années après ? A moins d’avoir pris des notes, ce qui en limite la spontanéité. Malheureusement, Françoise Fabian n’est pas la seule à se raconter, l’autofiction étant même devenue une généralité en littérature contemporaine, au risque de lasser le lecteur. L’actrice n’est pas adepte de Blaise Pascal (1623-1662), pour qui « Le moi est haïssable » [in « Les pensées », n°455, section VII, « La morale et la doctrine »]. Probablement involontairement, Françoise Fabian « se la pète » en citant ses relations et ses amis connus, son train de vie mais qui renforce l’entre-soi dont elle se défend. Qui cela peut-il intéresser ? Les lecteurs de Voici ou de Gala ? Les passages les plus touchants concerne la mort de ses parents (en 1973, pour son père, et 2001, pour sa mère), de ses deux époux [Jacques Becker, de 27 ans son ainé, mort, par hémochromatose, à 53 ans, en 1960 et après 18 mois de mariage (Outre le chagrin et le deuil, Françoise Fabian dut faire face aux problèmes financiers car son mari avait accumulé des dettes dont elle ne s’était jamais préoccupée, profitant de la belle vie qu’il lui offrait. Ce fut une traversée du désert professionnelle pendant 3 ans, doublée d’un échec sentimental en Italie), et Marcel Bozzuffi, décédé d’un cancer du poumon avec métastases au cerveau, à 58 ans, en 1988], et ses réflexions sur le métier de comédien (pourquoi refuse-t-on un rôle, stress de la générale, etc.). Sur ses 57 films, je n’en ai vu que 6 (soit 10 %, ce qui ne permet pas d’apprécier vraiment ses commentaires sur les films non vus). Minorant encore l’intérêt porté au livre.