Samuel est un ange déchu, il détourne ses divins talents pour être son propre Dieu. Le monde l’ennui, il a percé tous les mystères de la science et n’a plus rien à apprendre pense-t-il … Et puis ah quoi bon toutes ses expériences en laboratoire si ce n’est augmenter sa modeste satisfaction personnelle ? Non il lui faut plus qu’une simple reconnaissance, il veut soumettre, utiliser ses dons pour sa propre ambition.


Son génie en fait un mousquetaire diabolique au service d’une sorte de secte qui fait office de contre-pouvoir. Il oeuvre ainsi pour une cause patriotique : celle de sauver l’Allemagne du joug de Napoléon.
Autant le dire d’emblée, cette secte est faible, ses réunions et ses moyens d’actions sont faibles et précaires. Mais il y croit ! Samuel se voit déjà tôt ou tard le chef de cette secte qui à terme, si elle mène à bien son but, viendra délégitimer le pouvoir en place qui avalise honteusement l’empereur. Samuel s’imagine en héros de sa nation, celui qui obtiendra la reconnaissance éternelle et la soumission du peuple pour l’avoir délivré de l’écrasement napoléonien.


A défaut d'accomplir ses gloires chimériques, il exerce sa domination sur son entourage et tout lui réussit. Malgré son air méprisant, dominateur, il est extrêmement séducteur à la façon d’une dandy chic et hautain. Il plait, il est très populaire ; acclamé comme un roi par l’université de la ville, il mène la foule au gré de sa volonté. Presque lassé de ne rencontrer que des succès, il se fera tout un défi de défaire la méfiance et la haine de deux personnes : Christiane et Gretchen. Mais ce qui devait être un but secondaire dans sa vie prend d’immenses proportions après avoir essuyé plusieurs échecs. Samuel persévère dans sa perversion et sa manipulation, ce d’autant plus que Christiane lui détourne son ami fidèle : Julius, son frère d’adoption, elle l’isole et se marie même avec ce qui accroît l’agacement et la détermination de Samuel. Il suffit d’une petite ombre à son tableau pour fragiliser profondément cet être déséquilibré par son égo. Christiane devient son obsession première : il faut la soumettre par tous moyens et récupérer l’emprise qu’il a sur Julius. Même s’il aura bien des difficultés à remplir cet objectif malsain, il aura eu le mérite de bouleverser totalement le destin de centaines de personnes pour ses caprices car il soulève des montagnes pour prélever des grains de sable.


Dumas est assez extraordinaire d’imagination dans ce livre, non seulement par ce personnage principal qui est totalement imprévisible dans ce qu’il fait et dit en plus d’avoir une personnalité hors du commun mais aussi par tous ces lieux que Dumas aime tant : château en ruine, excavation, gouffre, souterrains obscurs, passages secrets… Le livre est bien ficelé par une multitude de chapitres courts et la lecture est très fluide sans être non plus banale. Le livre a beau être assez épais on ne ressent pas la longueur.

EtienneBernard1
10
Écrit par

Créée

le 18 févr. 2022

Critique lue 145 fois

1 j'aime

Etienne Bernard

Écrit par

Critique lue 145 fois

1

Du même critique

Les Trois Mousquetaires
EtienneBernard1
8

Les Mousquetaires au service de leur intérêt personnel

Ces trois-quatre mousquetaires sont les anti-héros des intérêts français dans ce roman, je tente de le démontrer à la fin de la critique. Alors oui ces mousquetaires sont piquants, gais, vifs, bien...

le 20 mars 2022

2 j'aime

1

Eugénie Grandet
EtienneBernard1
7

Adaptation libre et globalement réussie

On est immédiatement plongé dans l'environnement rural de l'époque : longère lugubre, abbaye, champ agricole, vie monastique, micro-vie sociale entre habitants se connaissant par coeur, les ouï-dire...

le 17 oct. 2021

2 j'aime

La Curée
EtienneBernard1
7

Spéculation ; luxe et jouissances malsaines

L'époque dorée ou tout était possible. Vous débutez en bas de l'échelle à la Mairie de Paris, vous finissez multi-millionnaires dans la promotion-immobilière à gros coup de démolition. Il faut dire...

le 18 sept. 2021

2 j'aime