Le vin de solitude est manifestement un roman pseudo-autobiographique, où l'on retrouve l'exil de Russie à la révolution et la haine de la mère.
Hélène est une petite fille qui grandit seule : sa mère aurait préféré qu'elle ne soit pas là et son père est toujours parti, cherchant à s'enrichir. Mais pour Hélène, privée d'affection, à quoi sert toute cette richesse? Sa mère en profite, certes, mais en entretenant un amant, chose que son mari refuse de voir. La plupart du temps, elle ne remarque même pas Hélène.
Némirovsky additionne l'amertume de l'enfant délaissée à celle des exilés, résidus d'un monde disparus, tel ce grand-duc qui n'a plus grand chose à faire qu'à noyer son chagrin dans les parties de cartes. C'est donc bien triste, comme roman, mais c'est en très bien écrit. C'est aussi, malgré les temps troublés, le beau portrait d'une jeune femme depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, et l'histoire d'une émancipation.