Heureux qui comme Octavio a fait un beau voyage

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Le texte :


Octavio vit au Venezuela. En ce XX° siècle, Octavio trimbale sa misère, son illettrisme et sa solitude dans le petit coin de village qui lui sert de monde.


Qui dit illettrisme, dit apprentissage. Qui dit roman d’apprentissage dit conteur. Miguel Bonnefoy gagne ici ses galons de ménestrel qu’il ne fera que plus briller avec « Sucre noir ».


Octavio « travaille » pour une troupe de truands dont le quartier général est une église désaffectée où tout a commencé et où tout finira. La rencontre d’Octavio avec une femme cultivée transformera sa vie : elle lui transmettra son goût pour la vie, pour la lecture et la culture… jusqu’au jour où la bande dont Octavio est un peu le larbin attitré décide de cambrioler la demeure de sa belle érudite. Ce sera le point de départ de l’émancipation d’Octavio. Celle-ci n’était possible que s’il parvenait d’abord à acquérir les capacités nécessaires pour la rendre réalisable, pour faire en sorte que son voyage ne soit pas vain.


Miguel Bonnefoy a l’art de distiller dans son roman, à bon escient, des scènes clef de son récit comme autant d’étapes symboliques sur le chemin d’Octavio. Octavio c’est tout autant Octavio lui-même, que Miguel Bonnefoy ou nous, lecteurs. L’apprentissage n’est jamais terminé, il y a toujours quelque chose à découvrir, pour grandir, mûrir, se bâtir, se développer.


Comme un ultime symbole, Octavio revient, boucle bouclée, dans l’église jadis occupée par les truands. En cours de transformation en salle de théâtre et dans laquelle il retrouve une statue de bois dont je vous laisserai découvrir l’histoire ou la légende au début du livre. Cette statue religieuse relève de tous les symboles religieux : elle est à la fois chamanique, totémique, emblématique,… elle recueille en elle tous les chemins, toutes les sources. AU même titre que le roman de Miguel Bonnefoy relève d’un peu toutes les formes de narration. Cela en fait un roman foisonnant mais parfois déroutant.


Il faut alors accepter de se laisser porter par l’histoire, par ses digressions, ses approximations, ses raccourcis aussi. Le lecteur doit parfois savoir lâcher prise sans chercher à comprendre toutes les références, tous les symboles qui parsèment le récit. L’histoire doit garder quelques zones d’ombres pour que son mystère éclate plus brillamment à la fin.


Conteur, ménestrel, Miguel Bonnefoy sait tirer tous les partis de ce qu’on pourra appeler un « chant lexical » qui procure à son texte souvent des allures de poème épique, à la mode des philosophes grecs qui offraient à leurs élèves non pas la connaissance mais les chemins de la connaissance.

Ga_Roupe
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le 17 août 2017

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