« Léon et Louise » est un ouvrage rédigé en allemand que l’on doit à la plume de Alex CAPUS, né en Normandie d’un père français et d’une mère suisse. Étant incapable de le lire dans sa version originale, c’est donc la version française (Actes Sud, 2012 ; traduction de E. GÜNTZBURGER) que je viens de découvrir. ET quelle belle découverte !
On entre dans cette magnifique histoire d’amour de Léon et Louise par un clin d’œil de l’auteur. Il plante un décor insolite : Léon vient de mourir, sa famille attend le prêtre pour la cérémonie religieuse au cœur même de Notre-Dame. Survient alors, à petits pas, une femme que personne n’attendait. Elle pose son regard sur Léon, enfouit sa main dans son sac et la retire tenant une grosse sonnette de vélo, usée et rouillée par le temps. Dring, dring, dring, dring… Elle pose la sonnette près de Léon, regarde chaque membre de l’assemblée bien en face et s’en va. C’est Louise, devine les petits enfants… Mais qui est-elle vraiment ? On a de suite envie de le savoir. On est déjà installé dans le livre.
Partant à la recherche du passé de son propre Grand Père, l’auteur va nous conter l’histoire d’une vie qui se déroule dans les coulisses de l’Histoire, depuis la fin de la 1ere guerre mondiale jusqu’à la fin de la seconde.
Le décor de ce roman nous plonge dans ces temps de débrouille, de peurs, de volonté de résistance et d’impuissance. Où se situer ? Du côté de Vichy, du côté de Londres ? Comment réagir à cette invasion allemande qui s’insinue sournoisement dans Paris ? Comment faire face aux pénuries alimentaires ? Comment résister à l’obséquieuse amabilité des gradés allemands qui tentent de corrompre et, ce faisant, prépare les règlements de compte qui seront opérés, parfois sans aucun discernement, sans aucune justice, par les résistants du FFL lorsque Paris sera libéré?

Rien que par ces coulisses, ces tableaux de vie, le livre opère un devoir de mémoire qui interpelle. Mais le propos de l’auteur, c’est de nous conter cette grandiose histoire de l’amour entre Léon et Louise. Tragiquement suspendu par un bombardement en fin mai 1918, cet amour n’en meurt pas pour autant. Mais la vie reprend ses droits. Croyant avoir perdu Louise à tout jamais, Léon épouse Yvonne et veille sur sa famille, même si, aux hasards de circonstances troublantes, son passé resurgit et la Louise est là, plus réelle que jamais, plus énigmatique aussi. Pourtant, c’est Yvonne qui poussera son Léon à reprendre contact avec cette fille aux yeux verts, cette Louise, dont elle pressent que Léon est toujours amoureux mais qu’il restera aussi toujours un homme responsable, attaché à pourvoir aux besoins de son épouse et de ses enfants.

Alors, avec beaucoup de brio dans l’art du récit, Alex CAPUS va poser sur ses pages le problème de la compatibilité d’une fidélité responsable avec l’infidélité amoureuse. Léon dans son amour et son infidélité restera jusqu’au bout fidèle à lui-même, à sa famille, à son premier amour.
Dans le contexte de l’Histoire, une histoire tendre, belle, complexe et fascinante comme la vie !

François_CONSTANT
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le 13 mars 2015

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