Les Âmes grises par Sécotine
C'est surprenant comme Philippe Claudel arrive à faire un livre qui vous tient en haleine autour d'un fait divers qui pourrait être résumé en quelques lignes...
Ce fait divers, annoncé dès les premières lignes, sert de fil rouge à toute une galerie de personnages et à un enchainement d'histoires, des petites histoires, des histoires individuelles, qui se fondent dans la grande, l'histoire avec un grand H.
Les heures sombres de la guerre, ici, on en parle, mais de loin. Dans cette petite ville à portée du vacarme des tranchées, elle n'existe pas tout à fait. On n'en perçoit que les échos et les ombres. Assez pour donner cette atmosphère si lourde d'angoisse et de souffrance, et pour mettre en évidence le fossé entre ceux qui y sont, et les autres.
Les autres, qui continuent leurs vies. Et les vies qui s'arrêtent, à la guerre et à côté. Et tout ce qui tourne autour.
Tout tourne autour des personnages dont Philippe Claudel dresse des portraits ciselés et originaux, des personnages dont on devine le caractère à travers l'histoire et les façons d'être, une manière bien à lui qu'à l'auteur de nous faire avancer pas à pas, jusqu'à la fin, la toute fin, la fin de tout : du livre, et du reste.
Ça n'a rien d'un polar, mais ça se lit tout comme.
Et ça laisse la part à la réflexion, longtemps après.