Pour ceux qui ne l’auraient pas lu, on découvre un petit village français, situé non loin du front, pendant la Première Guerre mondiale dans lequel a lieu une macabre découverte : le corps sans vie de Belle de jour, 10 ans, bien connue dans le village et adorée par tout le monde pour l’aide qu’elle apportait au restaurant familial. C’est une époque difficile pour de nombreux habitants, même si la plupart sont dispensés d’aller au front parce qu’ils sont réquisitionnés pour travailler à l’usine, la mort est partout présente à travers les innombrables blessés qui sont amenés par convois entiers jusqu’à l’hôpital de la ville voisine. La mort de Belle de jour ne fait donc qu’augmenter l’impression de pourriture qui semble envahir leur monde. Le seul rayon de soleil dans cette horreur apparaît sous la forme d’une jeune fille d’une vingtaine d’années venue s’installer au village pour reprendre la place laissée vacante par l’ancien instituteur, devenu fou. Malheureusement, l’éclaircie est de courte durée : quelques semaines plus tard, l’institutrice est retrouvée morte, elle aussi.

Un homme semble avoir un rôle à jouer dans ces deux décès : le Procureur. Cependant, le narrateur, chargé de l’enquête, n’aura pas le temps de déterminer si ses suspicions sont exactes. Il est lui même touché de plein fouet par un autre drame. Il abandonne donc son poste pour faire face à son propre chagrin et n’apprend le déroulement de l’affaire que bien plus tard. Alors, lorsque la plupart des protagonistes ont quitté ce monde, il s’attable pour écrire tout ce qu’il a appris sur ces différents événements. On comprend que l’homme est rongé par les remords et marqué à jamais par cette horrible époque. L’heure est venue pour lui d’expier ses fautes.

J’ai éprouvé pas mal de difficultés à entrer dans ce roman. Je pense que cela est dû au fait qu’on apprend assez tard l’identité du narrateur, ce qui complique la compréhension de son rôle initial dans les événements qu’il relate. De plus, l’ordre dans lequel il témoigne de ces faits n’est pas toujours chronologique, ce qui ne facilite pas non plus la narration. Je ne suis pas partisane du mystère qui entoure le narrateur : pour m’imprégner d’un roman, surtout lorsqu’il est écrit à la première personne du singulier, j’ai besoin d’avoir une image du narrateur à laquelle me référer. Elle ne doit pas être nécessairement hyper détaillée mais elle doit me permettre de déterminer s’il s’agit d’un homme ou d’une femme, de son âge approximatif et surtout de sa situation par rapport aux événements. Ce n’était pas du tout le cas ici même si certaines choses se devinent au fil des pages.

L’histoire en tant que telle ne m’a pas non plus terriblement touchée : tout est trop sombre, sans que les liens ne semblent se tisser entre les différentes horreurs qu’on nous apprend. On dirait simplement que le narrateur a choisi de raconter tous les malheurs qu’il a connus à une certaine époque. Evidemment, sur la fin, on comprend quelle incidence certains ont eu sur sa vie mais cela n’efface pas l’impression de fouillis du début. Quel était le but de l’auteur en écrivant ce roman ? Difficile de le déterminer : la seule chose que j’en retiens, c’est que même en période hostile, la vie quotidienne peut toujours amener son lot de drames. Mais je n’avais pas eu besoin de ce roman pour m’en rendre compte.

Au final, j’ai été déçue par ce livre dont j’avais entendu et lu beaucoup de bien. Je suis sans doute passée à côté de quelque chose. Peut-être n’était-ce finalement pas le meilleur moyen de clôturer cette année académique et de commencer les vacances !
Maghily
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lus en 2013

Créée

le 10 nov. 2013

Critique lue 525 fois

3 j'aime

Maghily

Écrit par

Critique lue 525 fois

3

D'autres avis sur Les Âmes grises

Les Âmes grises
No_Hell
8

Rien n’est ni tout noir, ni tout blanc, c’est le gris qui gagne

Décembre 1917, une bourgade de l’Est de la France. A quelques kilomètres, le front, l’enfer des tranchées mais de la guerre qui fait rage tout près, nous ne saurons que peu de choses : des bruits de...

le 1 avr. 2016

15 j'aime

8

Les Âmes grises
Kalimera
10

Critique de Les Âmes grises par Kalimera

Un roman avec une écriture d'une très grande élégance ; je me suis plongée dans ce livre comme dans un bain chaud et mousseux ! Quel plaisir de lire une langue aussi fine, aussi bien maîtrisée ! On...

le 10 janv. 2011

10 j'aime

3

Les Âmes grises
-Twist-
10

Critique de Les Âmes grises par -Twist-

Quel livre! Quel livre bondieu! J'avais bien aimé 'La petite fille de Mr Linh' mais surtout pour le style. Mais là, dans celui-là, y a tout: le style, l'histoire, la narration, les dialogues. Tout...

le 30 mars 2011

5 j'aime

Du même critique

Sobibor
Maghily
9

Critique de Sobibor par Maghily

Emma, 18 ans, se débat avec son anorexie, n'arrive plus à communiquer avec ses parents et se fait prendre alors qu'elle vole dans un magasin. Pourtant cette ado larguée est une jeune fille de bonne...

le 26 déc. 2011

6 j'aime

Le Club des incorrigibles optimistes
Maghily
10

Critique de Le Club des incorrigibles optimistes par Maghily

Dès sa sortie en 2009, j'avais eu envie de lire ce bouquin : la faute sans doute à son titre accrocheur et surtout à son prix, le Goncourt des lycéens, qui m'a déjà fait découvrir quelques perles...

le 7 janv. 2012

6 j'aime

1

Le Silence de la mer
Maghily
8

Critique de Le Silence de la mer par Maghily

Le Silence de la mer est le récit le plus connu de Vercors. Il s’agit d’une nouvelle racontant l’arrivée d’un officier allemand dans une famille française composée d’un homme et de sa nièce. Ces deux...

le 10 nov. 2013

3 j'aime