Un roman à finir albinos...
Enfin, pâle de consternation et les yeux rougis par des larmes de pitié...
Car les buveurs d'âmes, me semble un joli ratage sur à peu près tous les plans :
- sur celui du scénario avant tout : Elric (le fameux empereur albinos de Moorcock qui tirait jadis sa puissance impie de l'épée avaleuse d'âmes Stormbringer) traverse une crise existentielle et a juré de ne plus jamais se servir de sa lame. Il se traîne donc lamentablement (le terme est faible) sur les traces du noïbuluscus, une fleur maléfique dont la lecture d'un grimoire secret lui a laissé penser qu'elle pourrait le remettre d'aplomb, mais manquera en fait le manger tout cru. Son périple étant étoffé par des affrontements et rabibochages récurrents avec quelques compatriotes qui lui en veulent (logiquement), tout en l'admirant et le respectant quand même. Faut avouer que ça fait juste pour alimenter un roman de 250+ pages.
- sur celui du positionnement du livre : malgré 80 pages (sur 260) d'introduction le roman reste irréversiblement coincé dans l'interstice qui sépare ses deux publics potentiels, à savoir les fans de la première heure d'un côté qui ne feront qu'une bouchée, suivie d'un renvoi désagréable, de cette petite aventure sans profondeur ni saveur et les lecteurs contemporains, de l'autre, qui ne connaissent pas Elric, et auront bien du mal à placer l'aventure dans un contexte cohérent ou le combat intérieur qui torture (gentiment) Elric le "héros".
- sur celui de l'écriture enfin, celle de Fabrice Colin étant définitivement aussi banale et prosaïque qu'un pot de chambre reluisant. Mais pourrait-il en être autrement d'un auteur qui a produit plus de 50 romans et bandes dessinées (je laisse volontairement de côté les 20+ nouvelles écrites par ailleurs) entre 1997 et 2011 (soit un ouvrage tous les trois mois et demi) ?
Que l'on aime ou pas l'Elric des débuts, ces buveurs d'âmes me semblent donc un divertissement aussi fade que dispensable.