Les Caprices de Miss Mary, la déception du lecteur.

J’espère prévenir ceux qui s’y risqueraient avec un trop plein d’enthousiasme. L’ouvrage me promettait tellement pourtant. Un livre sur Miss Mary Bennet, personnage insignifiant dans Orgueil et préjugés, la seule sœur qu’on ne remarquait pas. Moche, sans esprit d’analyse, strict et tellement XVIIIème siècle. Ce personnage m’avait plu par son ridicule, on se demandait bien comment cette pauvre Mary allait pouvoir s’en sortir dans le monde. Je voulais en savoir plus ! Pourquoi était-elle ainsi ? Alors c’est le cœur fou que je découvris qu’une suite avait été écrite par Colleen McCullough, l’auteure des Oiseaux se cachent pour mourir qui m’avait fait pleurer toutes les larmes de mon corps…
Et bien j’ai réussi a trouvé le livre dans une boutique d’occasion, maintenant je comprends pourquoi le premier proprio s’en était débarrassé… Je dois vous raconter.
Attention si vous n’aimez pas les critiques je ne vais pas y aller de main morte.


Personnages :

Darcy : déjà, sans rien vous révéler, elle défonce le mythe de Darcy… C’est dit, et personnellement je n’étais pas prête à toucher au sacro-saint maître de Pemberley et de nombreux fantasmes.

Lizzie, Jane : sont des créatures grises et hargneuses, si, si, même Jane, qui nous ennuient.

Kitty et Lydia : sont quant à elles pas mal, Kitty malheureusement trop absente. Elles sont les seules à nous faire vibrer quelque peu, elles servent pourtant à peu de choses dans l’intrigue*.

*mot peut être un peu trop fort.

Les personnages absents : le cousin de Darcy, le Colonel Fitzwilliam et sa sœur Giorgiana sont à peine mentionnés alors qu’ils auraient pu faire partie de ce tout, ou même Charlotte Lucas qui aurait pu faire entrer un nouveau souffle, alors qu’une bien trop grande place est consacré à Caroline Bingley (même si à la fin, elle m’a fait sourire).

Les personnages nouveaux : ils n’existaient pas de près ou de loin chez Austen, ils interviennent et heureusement ! C’est par eux que tout se crée.

Miss Mary : Ce personnage XVIIIème que je voulais découvrir est métamorphosé ! Ah, tant mieux pour elle, bien dommage pour nous. Elle devient belle… Mais put*in pourquoi les héros de livre doivent être beaux ? On s’en tape on ne les voit pas ! Je veux une héroïne laide mais qui sache faire de sa vie un livre ! Bref. Ensuite Mary s’autonomise.
« - Ah, ca peut être marrant ca ?
- Et bien non, c’est incohérent. »
Une femme au XVIIIème recluse à la compagne s’émancipe religieusement, sexuellement, intellectuellement, devient féministe et défenseure des pauvres… Hum, anachronique ou terrible force de caractère ? On n’y croit pas, c'est trop de choses pour une si petite personne. Incohérence, vaguement expliqué par la lecture régulière d’un journal londonien… Hum, hum. En plus de devenir belle elle devient donc une sur-femme. Bon voilà une héroïne qui ne m’intéresse plus.
« -Mais l’histoire ? Ah ! Elle peut nous sauver ?

Trame :

- Eh bien non ! »

Je lis le résumé :

« Au décès de sa mère, Mary, la troisième des cinq sœurs Bennet, découvre la liberté. A trente-sept ans, elle qui n'a vécu que pour les autres est bien décidée à ne plus accepter d'entrave à la réalisation de ses rêves. Et surtout pas le triste chaperon que ses beaux-frères souhaitent lui imposer. Sa décision est prise : comme le journaliste dont elle dévore les articles incendiaires, elle enquêtera sur les conditions de vie misérables des ouvriers du Nord. Alors que sa famille craint qu'elle y perde sa réputation, Mary se lance avec fougue dans l'aventure. Mais son enthousiasme se heurte à la réalité de l'Angleterre en ce début de XIXe siècle. Vingt ans après la fin d'Orgueil et Préjugés, ce roman - une suite du chef-d’œuvre de Jane Austen - brosse le portrait d'une femme à l'esprit libre, féministe avant l'heure, qui n'hésite pas à braver les interdits pour faire triompher ses convictions. » extrait de la fnac

« - Ouah ! Ca va être un Jack London (ebook libre de droits) dans l’univers d’Austen avec une aventure à la McCullough !
- Et bien non ! »
Le début : mauvais, long…
Le milieu : incohérent, des péripéties ineptes dans lesquels Mary se perd + volonté de faire évoluer les autres personnages psychologiquement mais ce qui semble fait à la va vite.
La fin : chiante. La passion arrive tardivement, on attend qu’une chose c’est de refermer le bouquin sur la dernière page de le ranger et de ne jamais le prêter.
Trop de choses tirées de nulle part sont abordées, peu sont exploitées et approfondies. On dirait vraiment que ma chère Colleen McCullough a écrit ce livre sur le pouce. On n’y découvre pas la vie et la psychologie de Miss Mary, mais un nouveau personnage que l’auteure peu inspirée aurait placé par calque sur l’univers tout préparé d’Orgueil et préjugés, un livre qui regroupe des tonnes de fans pour pouvoir bien vendre. Est-ce ça madame McCullough ?

L’écriture :

Pendant des pages on lit les pensées pseudo-intellectuelles de Mary, hyper répétitives. Les piques de Lizzie et la perspicacité de Jane sont des parodies de l’ouvrage original. On retrouve même des réflexions sur des dialogues de l’œuvre d’Austen ou des mêmes trames dans les actions qui nous martèle une ennuyeuse rengaine « voyez comme je connais bien le livre ! ». L’auteure modernise énormément l’histoire et les personnages tout en gardant parfois des tournures XVIIIème pas forcément bien senties, je pense que le côté homophobe et raciste aurait pu effectivement passer à la trappe au point où on en était dans les anachronismes. D’ailleurs les anachronismes ne sont pas (je crois) sur la vie quotidienne, ou l’histoire mais sur la mentalité de l’époque et les idées. Même si tous les concepts évoqués dans le livre avaient déjà germés dans de nombreux cerveaux de l’époque, Miss Mary aurait du être reconnue à l’égal d’un Galilée, Léonard de Vinci ou d’un Nelson Mandela tellement elle semble en avance sur son temps.

Peut être que ceux qui ne connaissent pas du tout le travail de Jane Austen pourront y trouver un intérêt mais il leur manquera quelques détails. De plus Colleen McCullough qui écrit pourtant des romans passionnants ne l’a pas fait pour celui-ci.

Voilà je ne lui réserve aucun compliment, même pas à la couverture française. Je ne vous dis pas de ne pas le lire (j’ai moi-même tenu à le faire jusqu’à la fin…) mais ne vous attendez pas à une révélation. Et pour ceux qui ne sont pas d’accord n’hésitez pas à me contre dire s’il vous plait.
Laure-M
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le 5 août 2012

Modifiée

le 5 août 2012

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Laure-M

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