Les Cosaques
7.6
Les Cosaques

livre de Léon Tolstoï (1863)

J'ai entrepris depuis quelques mois de découvrir les auteurs russes dits "classiques" car je n'en avais jamais lus auparavant.
J'ai commencé par une courte nouvelle de Dostoïevski et j'ai été enchantée. Je continue avec Tolstoï, et la magie continue.


Cette langue ! Même traduite, c'est magnifique, alors je me dis qu'en russe, ça doit être juste fabuleux...
Il est rare que j'aime les descriptions à répétition, et c'est pourtant ce que j'ai préféré dans ce livre ! Incroyable tout de même... A dire vrai, la Mongolie, les steppes, les mongols, ça fait partie d'un mythe (de l'histoire, je sais, mais pour moi c'est de l'histoire mythique) qui m'a toujours fascinée, au même titre que l'Egypte ancienne. Donc ce livre tombait à pic, les cosaques étant, dans mon esprit, les héritiers des mongols, et d'après les descriptions de Tolstoï, je ne suis pas très loin de la réalité.
Il n'est pas trop long (il est difficile de trouver du Tolstoï qui ne soit pas "pavesque", et lire un pavé d'un auteur que je ne connais pas, très peu pour moi !), et j'ai pu donc m'y plonger sans hésitation.


Oups, je me rends compte que j'ai hérité la tendance de Tolstoï à faire des phrases interminables, je dois tout réécrire en coupant ! Mdr !


Ma version contient une notice à la fin, sur la vie de Tolstoï et l'épisode qui a donné lieu à ce roman, ses 3 ans de "cosaquerie". Il est très autobiographique donc, et ça se sent, ses personnages sont tangibles, vivants, Erochka étant mon préféré ! Marion, malgré les descriptions enthousiastes de son côté naturel, solide et travailleur, m'a parue très "fille", bien plus que ce à quoi je m'attendais ! Je me doute bien que ça changeait Tolstoï des femmes poudrées qui ne faisaient rien de leurs dix doigts, ce qui l'a séduit, bien sûr, mais quand même, elle fait un brin caractérielle sur la fin du bouquin lol !


Ce livre nous montre un élan très romantique dans la démarche de Tolstoï/Olenine qui part sur un coup de tête, quittant sa vie facile d'aristocrate russe pour devenir "junker" (élève-officier) dans l'armée russe qui appuie les cosaques livrant batailles aux tchétchènes (appelés ici "montagnards ou abrek").


Et Tolstoï est envouté par ces paysages grandioses (déjà que ça fait un moment que j'ai envie d'y aller voir, il n'a pas arrangé les choses pour moi, là, mdr !), qui l'inspirent, le transportent, lui donnent un désir mystique. Il y a pourtant la dureté et la violence du monde cosaque, même si j'ai trouvé que c'était assez édulcoré par Tolstoï, qui, finalement, semble fuir pas mal ce côté "guerre" pour se consacrer à la chasse et à la nature, et ensuite à l'amour, même s'il rêve de "croix de guerre" et de devenir officier (il se sent obligé de participer aux raids, mais pas du tout de gaieté de cœur, contrairement à Lucas, "vrai" cosaque sanguinaire et voleur), la contradiction ne semble pas le déranger, lol...


C'est très humain comme texte, on reste un peu sur un goût d'inachevé quand il part, à la fin, mais c'est ça, la vraie vie, et Tolstoï est assez lucide sur lui-même et sur tout ce qu'il a vécu chez les cosaques. L'herbe paraît toujours plus verte ailleurs, on aimerait "y être né", dans cet ailleurs, mais si on y était né, on ne serait pas qui on est. On n'obtient pas toujours ce qu'on veut, et l'amour ne suffit pas, contrairement à ce qu'il écrit à un moment. Il part en s'en étant rendu compte, en ayant beaucoup grandi...

Créée

le 5 janv. 2016

Critique lue 650 fois

3 j'aime

Valerie Tatooa

Écrit par

Critique lue 650 fois

3

D'autres avis sur Les Cosaques

Les Cosaques
Valerie_Freefounette
9

Magnifique !

J'ai entrepris depuis quelques mois de découvrir les auteurs russes dits "classiques" car je n'en avais jamais lus auparavant. J'ai commencé par une courte nouvelle de Dostoïevski et j'ai été...

le 5 janv. 2016

3 j'aime

Les Cosaques
Latrouille
8

Critique de Les Cosaques par Latrouille

Vertige naturaliste d'un homme charmé par la primitivité de ses semblables. Maelstrom déiste aux accents d'Abbé Mouret. Seaux de pinard, chasse au faisan, drague d'indigène et traque de Tchétchènes...

le 15 mai 2012

3 j'aime

1

Les Cosaques
ngc111
10

Le goût des choses simples

Olénine est un jeune homme de bonne famille, qui se laisse vivre, libre, qui ne croit pas en l'amour, qui n'a pas vraiment d'ambition ni de projets. Jusqu'au jour où il décide de quitter Moscou,...

le 1 mai 2023

1 j'aime

Du même critique

Axiomatique
Valerie_Freefounette
10

Puissant.

Un avis sur Greg Egan, ça ne peut pas s’improviser. D’où le fait que je l’ai d’abord travaillé sous word, ce que je ne fais que très rarement, car j’adore improviser mes avis, d’habitude. Mais là, je...

le 15 déc. 2015

12 j'aime

Le Rêve d'un homme ridicule
Valerie_Freefounette
10

Wouch !

Je crois que pour mon premier auteur russe (et oui, c'est la honte...), et pour mon premier Dostoïevski, j'ai choisi le bon. Le très bon, même ! Je l'ai commencé hier soir, alors que j'étais...

le 29 oct. 2015

12 j'aime