L'ébauche d'un auteur pas encore accompli

Joë Dicker est un auteur que j'apprécie. J'avais déjà lu ses trois autres livres avant d'entamer celui qui fût son premier roman (mais publié après "La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert").

Ce roman historique qui se déroule pendant la seconde guerre mondiale n'est pas au niveau des trois suivants. On sent la future patte de l'auteur. Mais elle n'est pas encore aguerrie.
Les thèmes de la paternité, de l'amitié, du sacrifice sont déjà bien présents. Il y a une profusion de personnages secondaires. On voit même poindre certains éléments du roman policier.

Malheureusement cela ne prend pas. Le contexte historique n'est pas exploité. Les personnages sont caricaturaux. Ils manquent de tout ce qui pourrait les rendre crédibles. Ils sont monochromes, sans aspérités, sans nuances et sans contradictions. Seuls Faron et Gros s'en sortent. Trop de personnages ne sont même pas développés. Trop de personnages tout court. On passe d'une scène à l'autre sans qu'elles se fassent écho, sans que cela suscite notre curiosité.

Pour faire simple, ce qui marche et fait le succès de Joël Dicker dans ses ouvrages suivants, tombe à l'eau dans celui-ci.

On a l'impression que le livre n'a pas été (suffisamment) relu et corrigé. En fait on dirait qu'après le succès de "La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert", son éditeur lui a demandé un livre au plus vite afin de profiter de la nouvelle notoriété de l'auteur. Et le premier roman refusé par les maisons d'édition a vu le jour alors qu'il n'aurait jamais dû.

Dommage