De la bonne, très bonne fantasy française. Gros bouquin (près de 500 pages) et encore ne s'agit-il que du premier tome, curieusement structuré en chapitres parfois très courts: il y en a en tout 81 !! Ca met un peu de temps à se mettre en place et ce fut, pour moi, je dois bien l'avouer, un peu laborieux au démarrage. A moins que, pour paraphraser un auteur très populaire auprès des adolescentes dans les années 70, que mon cerveau n'ait été réduit à l'état de sauce blanche en ces périodes de températures supra estivales. Mais une fois que mes neurones se furent reconnectés, ce bouquin s'est écoulé comme un torrent pyrénéen en période de fonte des neiges.


Il faut dire que le construction de l'intrigue, en deux strates, est assez complexe et que cela peut excuser une immersion un peu difficile dans l'histoire. Deux strates pour en fait une seule et même histoire. La première, et la plus importante quantitativement parlant, est un flash back, puisque l'héroïne du roman, Maura, évoque sa vie auprès d'une sorte de biographe officiel, ce dernier ayant pour mission de retranscrire l'épopée de Darren Dahl, farouche guerrier et chef des rebelles dont Maura était l'un des principaux lieutenants. Et dans cette première strate, Maura est narratrice et parle à la première personne du singulier.


La seconde strate, pour sa part écrite à la troisième personne et dont les brefs chapitres interrompent régulièrement la première, se déroule alors que Maura est emprisonnée dans une forteresse, dont elle cherche à s'évader. Emprisonnement au cours duquel elle s'est vue contrainte de raconter son histoire au biographe mentionné ci-dessus. Tout ça pour dire que, lorsque le bouquin commence, on ne sait pas grand chose des raisons et des circonstances qui ont conduit Maura à être ainsi embastillée, ce que l'on va découvrir au fil du récit, alors même qu'elle essaie de se faire la belle. Et on reconnaitra à Béorn une maitrise certaine dans sa manière d'imbriquer ces deux histoires, qui mises bout à bout - on le pressent - n'en feront qu'une, sachant que certains protagonistes apparaissent évidemment à la fois dans le passé et dans le présent.


Et si l'univers imaginé par l'auteur parait au départ assez banal (cadre médiéval, avec rois, nobles, guerriers, paysans, etc.), il s'enrichit considérablement dès lors que magie et mysticisme font leur apparition dans le récit, avec de vraies bonnes trouvailles s'agissant des pouvoirs dont disposent les divers personnages. J'en n'en dirai pas plus ici, ce n'est pas le propos d'une critique que de dévoiler la part de mystère que doit absolument conserver un tel bouquin pour garder intact le plaisir du lecteur. Sachez simplement que le titre, Calame, assez peu explicite il faut bien le dire, trouve tout son sens vers la fin de ce tome 1.


Enfin, j'ajouterai que les personnages sont pour la plupart fort bien campés et très consistants, ce qui ne gâche rien à l'affaire. Et que, curieusement, il s'avère que ce royaume imaginaire, la Westalie, est en définitive le théâtre d'une sorte de guerre des sexes. Entre les hommes et les femmes. Je n'irai pas jusqu'à qualifier ce bouquin de profondément féministe, même si au moment où se déroule l'intrigue, ce sont les hommes qui ont le pouvoir et que le sort des femmes n'est guère, on s'en doutera, enviable. Avec une héroïne (et la plupart du temps narratrice) du genre féminin, il y a tout de même quelques messages que l'auteur pourrait avoir voulu faire passer...


Que dire de plus ? Eh bien, que la fin du tome 1 nous laisse en quelque sorte au milieu du gué. A savoir que le flash back dont je parlai au début n'est pas, loin s'en faut, terminé et que l'évasion de Maura n'est pas encore totalement réalisée. L'intrigue n'est ainsi en aucune façon dénouée, même si le lecteur a appris et compris pas mal de choses. Il y a donc fort à parier que le tome 2, actuellement en cours de rédaction, reprenne la narration exactement là où elle s'est arrêtée. Et j'en suis presque à regretter que ça ne soit pas sorti d'un seul tenant, même si je peux comprendre qu'une maison d'édition comme Bragelonne puisse avoir besoin de liquidités. Mais cela ne m'empêchera pas bien entendu de lire ce tome 2, en espérant qu'il sorte en fin d'année et que je pourrai m'y replonger sans trop d'efforts...

Marcus31
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le 3 août 2019

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