Dès le titre, je me suis interrogée : qui sont donc ces enfants du Bois-Refuge ? Il y avait dans ces mots quelque chose de mystérieux, presque sacré. Lisa Wingate tisse un roman à deux voix et deux temporalités 1909 et 1990, qui s’entrelacent pour dévoiler les blessures cachées d’un pays et les cicatrices d’un peuple.
En 1990, Valérie, nouvelle ranger dans un parc national d’Oklahoma, découvre des ossements. Son enquête la plonge dans une histoire bien plus vaste qu’elle ne l’imaginait, celle d’enfants disparus et de terres volées. Face à un milieu masculin et méfiant, cette femme déterminée incarne la persévérance, la loyauté et la quête de vérité.
En 1909, la jeune Olive Augusta Radley, surnommée Ollie, et son amie Nessa décident de fuir pour échapper au sort réservé aux enfants autochtones : déracinés, assimilés de force, parfois adoptés par ceux-là mêmes qui convoitaient leurs terres. Cette partie du récit, d’abord plus lente, m’a ensuite captivée à mesure que j’en découvrais la profondeur, les abus, la misère, mais aussi la solidarité et le courage de ces enfants livrés à eux-mêmes.
Lisa Wingate excelle dans l’art du roman à double temporalité. Le passé éclaire le présent, et l’enquête contemporaine réveille la mémoire enfouie. Sous sa plume, l’Oklahoma prend vie : ses forêts, ses reliefs, ses silences empreints de douleur. L’autrice dépeint la cupidité des hommes, la spoliation des Premières Nations, mais aussi la force de ces femmes qui, hier comme aujourd’hui, refusent de se taire.
Ce livre m’a rappelé qu’il existe toujours, au cœur des drames, une lueur d’espoir. Celle des femmes qui se relèvent, des enfants qui survivent, des forêts qui chuchotent leur vérité. Les Enfants du Bois-Refuge est un roman qui ne se referme pas : il reste en nous, comme un écho tenace.
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