Tout d'abord cette quatrième de couverture m'intriguait et je ne m'attendais pas du tout à lire un roman autobiographique. Ce n'est pas un genre que j'ai l'habitude de lire mais que j'ai dû en lire durant mes études en section Littéraire. J'ai eu du mal à rentrer dans le récit au départ : les premières pages sont assez déroutantes on ne comprend pas tout à fait ce qui se passe à cause de pas mal de métaphores et figures poétiques. Mais au final on fini par se laisser emporter au fil des pages.
On se laisse emporter par l'histoire familiale de l'auteur. Une histoire tragique qu'on pourrait décomposer en 3 parties. La première partie parle de l'insouciance d'une petite fille vivant heureuse avec sa famille jusqu'à ce que survienne un drame : l'assassinat de sa mère et de sa sœur à leur domicile. Un double meurtre que personne ne pouvait voir venir, qui n'avait pas de raison d'être et pourtant qui a eu lieu durant son enfance et que cette famille algérienne allait devoir vivre avec.
Dans la seconde partie du récit nous avons affaire non plus à une petite fille insouciante mais à une femme révoltée en quête de justice et qui mène son enquête pour savoir ce qui s'est passé, savoir pourquoi le coupable a été acquitté, pourquoi la justice française est restée muette aux demandes du père qui croit encore en une justice idéale. Sa famille a été irrémédiablement changée suite à l'évènement tragique et la petite fille qu'elle était n'est plus, elle n'est plus que colère face à l'injustice française qui a disculpé le coupable du meurtre et face à son père qu'elle ne comprend pas.
La dernière partie nous parle du système français qui produit le second meurtre de sa mère en forçant son père à se remarier rapidement pour que la DASS ne prenne pas ses enfants. Même pas le temps de pleurer les morts il faut trouver une pâle remplaçante...

Les ensorcelés est un texte autobiographique poignant mais qui ne tombe pas dans le pathos, chose qui n'est pas aisée étant donné l'histoire vécue. Non, ici l'auteur nous livre son histoire, son combat et sa lutte pour la justice, connaître la vérité sur la mort de sa mère et sa sœur. Deux morts soudaine et inattendues qui ont bouleversé sa vie et celle de sa famille. Par l'écriture et son style très lyrique, Fadéla Hebbadj partage son combat qu'on est loin de pouvoir imaginer et ressentir comme elle. Pas d'apitoiement mais une volonté de faire entendre son cri, son histoire et l'injustice vécue à cause du racisme de l'époque.

Au final, Les ensorcelés est une très bonne découverte, un texte fort, poignant, personnel, et pleins de sincérité, le tout servi par une écriture lyrique et poétique. C'est l'histoire d'un drame familial et d'une lutte contre l'injustice. Une histoire qui nous fait prendre conscience du racisme de l'époque, un racisme qui n'est toujours pas éradiqué aujourd'hui...
Alexiel
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le 19 déc. 2010

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