Avec Les étoiles errantes, Tommy Orange signe un retour puissant dans le paysage littéraire contemporain. Cette fresque familiale retrace, du XIXe siècle à nos jours, le destin de plusieurs générations confrontées à l’effacement systématique de leur identité amérindienne. Le roman débute par un long prologue historique : le massacre de Sand Creek, les internats dirigés par Richard Pratt et la fin officielle des guerres indiennes illustrent la violence systématique exercée sur une culture que l’Amérique cherchait à dissoudre. Ces premières pages posent les fondations d’un récit où la mémoire traumatique devient le fil conducteur.
Je me suis sentie happée par la vie des descendants contemporains, Orvil, Lony et Loother Red Feather, marqués par l’alcool, les opioïdes et le déni culturel. À travers eux, l'auteur montre combien le poids de l’histoire continue de façonner la vie quotidienne et la perception de soi. Opal Viola Victoria Bear Shield émerge comme pilier de la famille, tentant de transmettre traditions et langage malgré les épreuves, convaincue que la culture persiste et chante.
Le roman s’articule en trois parties : Origines, Répercussions et Avenirs. La première explore la généalogie des familles Bear Shield et Red Feather, les violences subies et les tentatives d’assimilation. La deuxième révèle la difficulté de se reconstruire dans le présent, alors que les stigmates historiques continuent de peser. La dernière, plus courte, laisse entrevoir un fragile espoir : la culture autochtone, portée par la parole et la danse, pourrait guider les générations futures.
La multiplicité des voix souligne l’ampleur et la complexité d’un héritage collectif lourd, sans jamais tomber dans le pathos. Les étoiles errantes est un roman ambitieux, parfois lent, mais dont la force réside dans sa capacité à faire résonner l’histoire longtemps après la lecture. Je suis ressortie de ce livre bouleversée et inspirée, consciente que l’identité, même malmenée, peut survivre et briller à travers les générations.
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