Il a été élevé par un vieil homme dans une ferme isolée, à l’indienne. Il a appris le rythme des saisons, la chasse, le travail de la terre. A 16 ans, il n’a jamais connu sa mère et n’a croisé son père que cinq ou six fois. Des rencontres désastreuses dont il garde un souvenir amer. Alors quand son paternel mourant l’appelle à son chevet, Franklin y va à reculons. Ravagé par l’alcool, Eldon ne veut pas mourir en ville. Il veut être enterré en pleine nature, comme un indien. Et c’est à son fils qu’il demande d’exaucer cette dernière volonté. Commence alors un périple au cœur de la forêt où Eldon va se livrer sans fard : sa jeunesse, son passé tumultueux, sa rencontre avec celle qui allait devenir la mère de Franklin et surtout les raisons qui l’ont fait sombrer dans l’alcool.


Un roman d’une insondable tristesse, simple, franc, direct. Franklin pourrait se laisser envahir par la rancœur. Son père est un enfoiré de première, un salopard au comportement inexcusable qui aurait mérité de crever dans son lit, seul comme un chien. Mais il décide d’accomplir son dernier vœu sans discuter, naturellement. Sans rien pardonner non plus. Le père ne cherche d’ailleurs pas ce pardon. Il veut se livrer, ne pas partir sans révéler son histoire. Pas pour amadouer ni pour paraître meilleur, simplement pour dire la vérité.


J’ai adoré les silences, la nature omniprésente, les dialogues réduits à leur strict minimum, les phrases inachevées qui en disent bien plus que de longs discours. J’ai adoré ce rapport père/fils rugueux, tendu et en même temps d’une totale sincérité. J’ai adoré la maturité de Franklin, sa dureté, et la fragilité d’Eldon qui reste détestable mais dont la confession le rend par moments touchant. Et j’ai surtout adoré la pudeur de ce texte qui évite le pathos et ne sombre jamais dans la moindre analyse psychologique, laissant les faits et les actes se suffirent à eux-mêmes. Un roman magnifique et bouleversant qui montre à quel point, qu’on le veuille ou non, les liens du sang restent à jamais indéfectibles.

jerome60
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le 21 août 2017

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