Dans les décombres de ce qui fut autrefois la ville de Kaboul, dans ses rues poussiéreuses, harassées de soleil, sillonnées par des hommes en armes qui n'ont plus rien d'humain, dans ce pays où le badaud repousse à coups de cravache les mendiants inopportuns, dans une ville qui ploie sous la charia gravitent deux couples dont les destins vont se croiser.
Atiq (dessiné sous les traits de Simon Abkarian dans l'adaptation de Zabou Breitman), gardien de prison intermittent sans prisonnier, est marié depuis 20 ans à Mussarat. Aujourd'hui sa femme est malade, et mourante. Il est triste et n'attend plus rien de la vie, il fuit ses semblables et culpabilise de ne plus à parler à sa femme, qui peine à assumer ses responsabilités d'épouse.
Et puis il y a le jeune Moshen (sous les traits de Swann Arlaud), amoureux de sa merveilleuse femme Zunaira et heureux en ménage : elle l'aime car lui est différent des autres hommes. Seulement un matin, il prend part presque malgré lui à la lapidation d'une prostituée, et l'avoue à sa femme de retour chez lui.
Peu de temps après, on amène à la prison d'Atiq une nouvelle prisonnière, condamnée à mort pour le meurtre de son mari. Atiq reste subjugué par sa beauté et se met en tête de la sauver...


Si l'adaptation animée m'a laissée sur ma faim, j'ai trouvé le roman encore plus noir (sauf la fin, qui est différente !), mâtiné d'une écriture poétique et lumineuse.
Les aquarelles du film animé sont belles mais ne laissent malheureusement pas transparaître les émotions des personnages, dont la personnalité n'est que survolée. Ensuite, la construction du scénario fait s'enchaîner des drames sans lien apparent et le film, très court, se termine là où j'aurais aimé qu'il commence...
Dans le livre, les personnages sont davantage travaillés, et on comprend mieux leur évolution psychologique. C'est aussi un livre féministe, car si l'auteur nous évoque des femmes encagées dans leur tchadri, toutes semblables, qui ont à peine le droit de respirer, ce sont bien elles qui sauvent leurs hommes de la bestialité à laquelle les promet le cruel régime des talibans, ce sont encore elles qui se sacrifient pour que brille encore l'étincelle dans la pupille de leur mari déprimé... Un livre difficile, mais nécessaire.

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le 14 sept. 2019

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