C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes

Par bien des côtés, ce premier roman de Moravia me fait penser au premier roman de Brett Easton Ellis (Moins que zéro). Pour commencer, Moravia et Ellis ont le même âge quand ils l'écrivent (à deux ans près, Ellis ayant 17 ans et Moravia 19) et bien que 60 ans séparent les deux ouvrages, le thème est similaire et le constat itou : il s'agit d'une étude sur la vacuité et le désœuvrement.

Les personnages errent dans un univers clos (clos parce qu'ils le veulent bien) , se croisent et s'entrechoquent sans sentiments, sans passions. Ils se mentent, se trompent, sont persuadés d'être les plus malins et finalement, malgré toutes leurs tentatives, restent prisonniers de leur univers.

Les indifférents, c'est 5 protagonistes :
Maria Grace, mère de Carla et Michel, maitresse de Léo, amie de Lisa. Jalouse, imbue d'elle-même, aveugle aux sentiments des autres, elle se berce d'illusions sur sa liaison avec Léo, déclenchant à toute occasion des scènes de ménage qui, pense-t-elle, entretiennent la flamme. La famille de Marie Grace est ruinée, elle est entretenue par Léo.
Léo est las de cette liaison et courtise assidument Carla, qui fête ses 24 ans. Carla en a assez de cette vie d'apparences et décide de céder à Léo en espérant que le scandale changera sa vie.
Lisa est l'ancienne maitresse de Léo, elle courtise Michel.
Michel est un adolescent ombrageux persuadé de la fausseté des sentiments et indifférent au monde.

Le livre est construit autour des interactions des personnages qui sont relatées à la fois par leurs dialogues et leurs pensées (un habile jeu de miroirs qui permet de constater que tout le monde se trompe sur les sentiments des autres à son égard).

Ce roman n'a pas pris une ride, c'est un grand moment que je recommande chaudement.
rivax
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le 12 janv. 2011

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