Tous les enfants ont du génie sauf Minou Drouet
Ce livre, c'est d'abord une sorte d'autobiographie de l'enfance de Sartre (1905-1980) par lui-même, mais c'est aussi plein d'autres choses.
C'est les années 1910-1914 vu par un enfant complètement idéaliste et précoce. La description des salles de cinéma de 1913, avec les "fusées" traversant l'écran, les strapontins rouillés et les murs au papier peint "poire" m'a fait voyagé à travers le temps. (ha, quelle belle époque que celle du cinéma muet, maintenant ils nous assaillent avec leur film à gros budget et cinématographiquement bidon)
Je digresse, mais c'est pour dire que ce livre parle de tellement de choses, qu'au final, on a l'impression de le lire pour avoir une description de l'époque. (la lente diffusion des idées républicaines dans les catégories sociales élevées, par exemple.) C'est loin d'être nuisible à l'autobiographie, puisque finalement : comment se décrire sans décrire notre époque, son entourage, et ses mœurs ? Car eux ce sont nous.
Comment ne pas voir l'influence qu'a eu son grand père sur lui ? Quelques mots glissés un soir à son oreille, et voilà que l'enfant est convaincu que le métier d'écrivain est un devoir et non un choix, qu'il ne dépend plus de lui, mais bien de "l'au delà" c'est le Saint Esprit lui même qui ait venu le lui annoncé (son grand père).
Enfin, et c'est ce qui m'a le plus passionné, la bataille entre l'héroïsme de Pardaillan et l'artistique de Corneille. Le dilemme de Sartre pendant son enfance fut celui-ci : être un héros où un artiste ? Une lutte sans merci dans la tête de l'enfant de..8ans. C'est à se demander si il a été heureux une fois, dans son enfance. Le passage décrivant les livres de la bibliothèque de son grand père est merveilleux.
J'aimerais le relire, car je suis certaine d'être passée à côté de pleins de choses, où de ne m'en être pas assez imprégnée pour pouvoir les garder en mémoire. En tout cas, c'est un récit plaisant, limpide et foisonnant.