Mais arrêtez d'écrire des nouvelles, vous savez très bien que je n'aime pas ça ! Vous, oui, vous, là, les auteurs ! Je sais bien que votre unique ambition est d'être lus par moi, et d'avoir un billet publié sur ce blog. Je peux le comprendre. Moi aussi, j'aimerais que je me lise. Mais ce n'est pas en écrivant des nouvelles que vous y arriverez ! Ou alors, je ne sais pas, écrivez le en gros sur la couverture ! « NOUVELLES » en bandeau ! Ou un blurb « Le meilleur recueil de NOUVELLES que j'aie lu de toute ma vie ». Mais non, fourbement, aidés des éditeurs qui sont encore plus fourbes que vous (et c'est pas peu dire !) vous planquez ça dans la quatrième de couverture. Non mais, franchement. Est-ce que j'ai une tête à lire les 4 de couv' ? J'ai connu une polonaise qui en écrivait au petit déjeuner. Ça, oui. Mais elle non plus ne les lisait pas ! Quand je rentre dans l'antre de blondinette, je vois un livre sur la table, la couv' me plaît, je le prends, point ! La PREMIÈRE de couv', pas la quatrième ! Non, je ne suis pas de mauvaise foi. Un diable n'est pas diabolique. Je ne suis pas un pléonasme, je suis une lectrice libre rondidjû !

Bon, une fois de plus, je m'égare, et je ne parle pas du livre. J'ai failli mettre roman, mais ce n'en est pas un, c'est un ensemble de quatre nouvelles consacrées à une thématique commune : l'horreur de la mort à la guerre. On savait que Laurent Gaudé n'est pas l'un des auteurs les plus drôles du moment, c'est confirmé avec Les Oliviers du Négus. Mais on savait aussi que Laurent Gaudé est l'un des auteurs, à mon sens tout du moins, les plus talentueux du moment, et là encore c'est confirmé avec Les Oliviers du Négus. Personnellement, je l'ai connu en 2002 avec la Mort du roi Tsongor car cette année-là ma merveilleuse prof de littérature nous avait fait participer au jury du prix Goncourt des Lycéens. Il était venu au lycée, assis sur une petite chaise au milieu du CDI et lorsqu'il avait commencé à lire j'avais été envoûtée. Il faut dire qu'il cumule les qualités d'écrivain et de beau mec (à l'époque tout du moins)

Il faut dire quand dans « Prix Goncourt des Lycéens » il y a « lycéenne » et qu'il en faut peu à une lycéenne mise face à un homme brun aux beaux yeux et au teint bronzé. Enfin bref. Depuis ce temps-là j'ai lu tout ce qu'il a écrit (ça vous rappelle quelque chose ? ) et j'ai plus ou moins apprécié, selon les périodes et les romans. J'ai adoré le Soleil des Scorta, j'ai été déçue par Eldorado, par exemple. Bon, tout ça pour dire que je ne suis pas une groupie hystérique, qu'il y a des écrits de Laurent Gaudé qui me touchent moins. C'est nécessaire de le dire, parce que p***, les Oliviers du Négus, quel chef-d'œuvre ! Et tout particulièrement le dernier texte, d'une force ! Les quatre textes sont très différents. Le premier, chant d'amour à un « Zio » disparu, ne m'a pas particulièrement emballée. C'est beau, oui, mais j'ai trouvé que c'était d'une beauté convenue. Le deuxième, long monologue lancinant, me semble fait pour être dit sur une scène de théâtre. Les répétitions, les broderies autour d'un thème, tout en fait un texte à mon sens dédié à l'oralité. Le troisième est un vrai petit thriller que j'ai heureusement lu en plein jour, parce qu'il recèle la recette parfaite du roman d'horreur. Mais le dernier. Ah ! le dernier ! C'est un cri de rage, c'est un adieu au monde, c'est un texte extraordinaire qu'il faudrait diffuser, partout, tout le temps, en Italie et ailleurs. Il parle de vies brisées, et c'est la seule chose qui vaille. La différence entre ces vies dévouées à la justice, éparpillées sur la chaussée, et l'impunité de leurs meurtriers mafieux.

Ces quatre textes différents m'ont touchée différemment et c'est pour cela que j'aime Laurent Gaudé : jamais pareil, toujours différent, au détour d'un texte rieur, sombre le suivant. Une très belle réussite.
Ninaintherain
8
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le 26 mars 2012

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