Hanoï 1965, l’histoire d’une femme qui aura trois filles. Indépendante et déjà percluse par la vie, la guerre vient affaiblir cette mère de famille et sa progéniture avec ses lots de morts, ses récoltes maigres et insuffisantes à nourrir tout le monde. Les os saillent et hurlent leur douleur jusqu’à ce que chaque petite fille trouve un mari. La famille s’agrandit et offre une sacrée palette de chaleur humaine. Mariée à un étranger, la seconde des trois filles part en France avec ce dernier et leurs deux enfants âgés de 11 et 10 ans.
Loin de toute cette attention, de cette cohue familiale, il ne restait que le vide. Les grandes réunions, le bruit, les rires, les conversations et les vies qui s’entrechoquent, tout ne devient que souvenir dans cette nouvelle ère où chaque membre de ce quatuor a ses propres activités personnelles à gérer dans son intimité. De l’amour, ne subsiste que les larmes qui passées de bonheur virent au désespoir. Pour échapper à cette noirceur, Line va se tourner vers l’art, l’esprit qui s’évade dans un monde qui n’est pas le sien.
Faisant le lien entre son anorexie et son passé, l’auteur rapproche la guerre et la famine à son combat face à elle-même qui ne s’alimente plus. La dure leçon que l’on apprend, la vie est complexe. Un combat constant et acharné pour trouver un rayon de soleil qui fera se réchauffer nos cœurs. De quoi donner l’envie de vivre, d’exister, d’aimer mais avant tout d’être aimé. En quittant Hanoï, Line a perdu un cocon d’affection et d’émotions, la laissant sur une étendue de solitude.
Déracinée enfant, l’auteure reviendra panser ses blessures afin d’avancer. Pour comprendre ce qu’elle a perdu, choisir où elle souhaite aller, entreprendre de vivre. Passant d’une narration extérieure, elle s’identifie peu a peu à cette petite fille malade en disant Moi, puis Nous. La douce réconciliation entre deux camps ennemis après une guerre destructrice. Ce récit est bouleversant et criant de douleur, de douceur, vibrant d’amour à partager, à communiquer.
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