Les Partisans
6.3
Les Partisans

livre de Dominique Bona (2023)

Regardez cette couverture - Druon et Kessel, cravatés, élégants et désinvoltes, le premier allumant la cigarette du second. Le sous-titre annonce la couleur et ne laisse même aucune place au doute, nous plongeons dans l'histoire des deux fameux écrivains. Pourtant, dès les premières pages, une interrogation s'impose : pourquoi, en entamant la biographie de l'oncle et du neveu, a-t-on à ce point l'impression que le livre tournera principalement autour de Germaine Sablon ?

Certes, elle a largement sa place dans un tel ouvrage, ne serait-ce qu'en sa qualité de compagne de Kessel. Après une carrière d'actrice à la grande époque du muet, une certaine notoriété en tant que chanteuse et un engagement courageux dans la résistance, Germaine Sablon mériterait même sa propre biographie. Mais, dans le contexte qui nous intéresse, je crains que Dominique Bona ne lui ait donné une importance disproportionnée. Et cela a un coût.

Sans doute emportée par son enthousiasme, l'autrice place tout de suite la jeune femme sous les feux de la rampe et en dresse un portrait flamboyant. Par conséquent, le lecteur, en l’occurrence votre serviteur, n'a bientôt plus d'yeux que pour l'interprète historique du Chant des Partisans. Or, elle éclipse rapidement les deux paroliers de cet hymne de la résistance française. À tel point qu'arrivé à la moitié du livre, alors qu'elle a quitté la scène, la suite de la biographie ne brille plus que par son absence. L'autrice, qui n'a pas su attirer l'attention du lecteur sur Kessel et Druon, jusque là resté dans l'ombre, peine à donner de l'intérêt à deux personnalités qui pourtant n'en manquent pas. L'auteur des Rois maudits ne passe plus que pour un intellectuel de droite, brillant mais déshumanisé ; celui des Mains du miracle, qui est pourtant l'archétype de l'aventurier passionnant et du romancier engagé, n'est que l'ombre de lui-même.

Malgré ces défauts, si je puis dire, en faisant évoluer Kessel, Druon, Sablon et les autres dans un contexte politique, historique et intellectuel marqué par de grands évènements et de fortes personnalités, et par ailleurs en usant d'une plume classique parfaitement adaptée, Dominique Bona parvient à rendre son livre captivant. Riche d'anecdotes qui ancrent le récit dans son époque et donnent un caractère vivant à la lecture et, surtout, servi par des sujets dont l'exploitation lacunaire est heureusement compensée par leur indéniable charisme, il donne envie de se (re)plonger dans leurs œuvres. Puis vous aurez Le Chant des Partisans dans la tête pour un moment. C'est mon cas.

Touchez mon blog, Monseigneur...

TmbM
6
Écrit par

Créée

le 1 avr. 2023

Critique lue 61 fois

1 j'aime

TmbM

Écrit par

Critique lue 61 fois

1

D'autres avis sur Les Partisans

Les Partisans
AlexandreKatenidis
9

Joseph Kessel et Maurice Druon

Joseph Kessel était déjà un journaliste et voyageur réputé quand il entra dans la Résistance et que son neveu, Maurice Druon, le seconda. C'est ensemble qu'ils vont écrire Le Chant des partisans...

le 26 avr. 2023

Du même critique

Les Furtifs
TmbM
2

Critique de Les Furtifs par TmbM

Laborieusement arrivé à un peu plus de la moitié de ce livre tant attendu, je cale. J'ai vaguement parcouru les quelques centaines de pages supplémentaires par acquis de conscience mais sans aucun...

Par

le 11 mai 2019

8 j'aime

5

Jours barbares
TmbM
9

Critique de Jours barbares par TmbM

Journaliste et écrivain, William Finnegan a également fait ses preuves comme surfeur. C'est d'ailleurs en tant que tel qu'il oriente ses mémoires. Le surf n'a jamais réellement fait partie de mes...

Par

le 14 avr. 2017

6 j'aime

Au printemps des monstres
TmbM
5

Critique de Au printemps des monstres par TmbM

Il ne lui faut pas moins de 750 pages bien tassées (et environ un million de parenthèses (l'auteur ne perd pas ses bonnes habitudes (et c'est (presque) devenu sa marque de fabrique))), pour réaliser...

Par

le 18 août 2021

5 j'aime

1