Vivent Sophie et Marguerite, on s'en fout des deux autres !
J'aime la comtesse de Ségur. Sa plume légère, son raffinement, sa piété, son amour des gosses... cette femme était classe. L'ultime grand-maman. Et ses bouquins sont idéaux pour une gamine. Ses bouquins se lisent tous bien et ont le mérite d'être très divertissant même s'ils passent leur temps à vous dire comment vous devriez agir.
Camille et Madeleine de Fleurville sont déjà des petites filles modèles au début du bouquin: elles sont douces, obéissantes, pieuses, patientes, charitables, etc. En bref, elles sont chiantes comme la pluie. Le véritable intérêt du récit réside en les deux personnages de Sophie (qui n'a pas le prénom de la comtesse pour rien) et la petite Marguerite. Ce n'est pas pour rien, d'ailleurs, que la plupart des anecdotes se détournent très vite des deux Fleurville pour se concentrer sur ces deux-là, l'une ayant été mal élevée par une belle-mère détestable, l'autre beaucoup plus jeune que ses amies, dotée d'un bon cœur mais ayant encore du mal à faire une distinction claire entre le bien et le mal dans ses actions.
Et au final c'est à travers elles que le lecteur/la lectrice, supposément jeune comme elles, s'identifiera et comprendra au mieux les préceptes d'éducation de la bonne comtesse. Parce que les persos parfaits, du genre Camille et Madeleine, les lecteurs n'aiment pas, surtout les gamins. M'enfin on comprend pourquoi elles sont là, et pourquoi elles sont aussi parfaites, vu qu'elles sont basées sur les deux petites-filles chéries de madame la comtesse, Camille et Madeleine de Malaret, pour qui elle semblait avoir de sévères yeux de Chimène, tandis que Sophie a toujours été basée sur l'auteure, gamine.
Forcément le relire adulte, ça fait un choc, mais c'est curieusement toujours plutôt agréable. C'est aussi très simple à lire, et même si c'est gnan-gnan on passe un bon moment. Maintenant on parle toujours des mêmes thèmes - obéissance, ferveur, bonté, etc. - mais vu que la comtesse écrivait dans l'optique de distraire et d'éduquer ses petits enfants, ça peut se comprendre. Et à cet égard, mission accomplie, madame la comtesse.