Très souvent, quand on vous parle depuis des années de certains livres comme de chefs-d'oeuvre absolus, quand à l'école on vous en a fait étudier des extraits, exercices de dissection qui hélas éveillaient moins l'intérêt que l'ennui dans une jeune cervelle, tant d'éloges finissent par nuire à l'attraction que peuvent exercer de tels livres ; ils finissent par faire peur aux lecteurs, il émane d'eux une espèce d'aura fabuleuse et mystique dans laquelle on n'ose pas pénétrer. Mais quand, enfin mûr et prêt à sauter le pas, on s'y engage résolument, très souvent aussi, il arrive qu'on n'ait pas à regretter sa témérité car, en effet, on découvre des pépites qui frapperont à jamais l'imagination.


Pour moi, il en fut ainsi de plusieurs romans, je n'en citerai que quelques uns : "Le guépard", "Des souris et des hommes", "Les misérables", "Cent ans de solitude", "Crime et châtiment", "Le petit prince", "Germinal", "Lolita", "Autant en emporte le vent", etc. et je peux désormais ajouter "Les raisins de la colère" à cette liste non-exhaustive qui, j'en suis convaincue, se complétera encore tout au long de ma vie de lectrice.


Au-delà de l'écriture réaliste de son auteur servant à merveille le caractère social du roman, "Les raisins de la colère" dévoile une telle modernité dans les rapports des hommes à la société, une telle universalité dans les sentiments et les valeurs explorés, enfin une telle humanité à travers ses personnages sincères et entiers, qu'il convainc rapidement le lecteur d'être en présence d'une belle littérature, de celles qui marquent, qui durent et qui bouleversent. N'est-ce pas la définition d'un chef-d'oeuvre ?


Steinbeck engage ses opinions dans son récit, il écrit en activiste, il décrit pour mieux dénoncer et soulever notre indignation. Il écrit en journaliste, il témoigne pour accuser et soulever notre indignation. Il écrit en homme, il compatit pour mieux nous faire ressentir l'indignité de la société et soulever notre indignation. Aussi, est-il difficile de rester insensible à ce thème des flux migratoires qui est plus que jamais d'actualité ; aussi est-il difficile de ne pas porter toute son attention sur la famille Joad et son exil douloureux ; aussi est-il impossible de ne pas ressentir profondément leurs espoirs et leurs désespoirs.


Un très très grand roman.

Créée

le 1 mai 2018

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Gwen21

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