Kerouac nous livre avec "Les souterrains" une prose plus personnelle et intimiste que le reste de son oeuvre. Ici pas d'échappées solitaires, pas de paysages américains, l'auteur se focalise sur son aventure avec Mardou, alias Alene Lee, une jeune beat noire et singulière.
Si Jack nous surprend au début, on s'imprègne de son histoire, de ses doutes qui sont les nôtres aussi, et on retrouve les tournées des bars, l'incertitude de l'auteur et son amour de la vie.
Kerouac écrit de manière très décousue, nous narrant les pensées qui lui viennent en tête à l'instant ou il écrit, ce qui peut devenir des pages de parenthèses avant de revenir à son propos original...mais c'est le style particulier de l'auteur, qui ne décevra aucun amateur. Pas d'artifices, pas de retouches, comme il aime, on suit le fil de sa pensée, de ses divagations, de ses détails et souvenirs qui surviennent et qu'on ne comprend parfois pas, mais c'est la beauté de l' Homme, ce caractère proprement humain, profond, impossible à cerner, qui surgit sans prévenir, hors des règles strictes de la littérature, à l'image de Jack qui vit à l'écart de la société, ne se souciant que de son bonheur et de ceux qu'il aime.
Néanmoins il s'agit d'un de ses livres les plus sombres, l'auteur ne quittant presque pas cette chambre, théâtre de ses cauchemars, et nous écrit à coeur ouvert, tout ses doutes, ses belles pensées et surtout ses moins belles, ses désirs, ses regrets et ses peurs...Il n'analyse pas son histoire mais nous la livre sincèrement, sans rien cacher, et parfois on rit, parfois on partage sa tristesse.
La prose de Jack Kerouac est à l'image de la vie, un mélange d'émotions, de personnages et de situations, ici magnifiée par la poésie particulière de l'auteur, cette poésie bop qui n'en finit pas, pour notre plus grand bonheur et admiration.