Bonjour.
Au nord des États-Unis d'Amérique avant l'heure, une version de plus des Pilgrim Fathers, féminine, celle-ci, d'une très jeune fugitive, solitaire, errant loin des colons espagnols, anglais et français, et des tribus autochtones, à la recherche d'une adoption hypothétique en territoire français, au Canada.
On suit les péripéties plus ou moins crédibles de cette fuite féminine en avant, en pleine nature sauvage où il est encore possible d'échapper à un grizzli dans son antre ( il suffit de faire le mort, c'est bien connu), et de voler ses œufs sous un couple de canards sauvages en pleine couvaison. Que ne ferait-on pour survivre. Bref. On n'atteint pas la moitié du bouquin avant de ne plus croire en rien, ni dieu, ni diable d'une écriture féminine reprenant à son compte des aventures enfantines à la Dickens transposées en course de survie dans une Amérique sauvage du 17 ème siècle.
Mais on a de l'éducation et on ira jusqu'au bout des aventures de la Gémini Croquette, bivouaqueuse endurcie, made in Machin & Découverte.
Quiconque a fait du bivouac en solitaire une activité un peu soutenue, sait qu'on ne tient pas seul bien longtemps face à un tel environnement purement naturel. Et que nombre des péripéties de ce récit sur plusieurs mois ou années, qui sait, tiennent de l'accumulation de pures fantaisies.
Des flashbacks sans grand intérêt, d'une enfance londonienne, purement citadine donc, achèvent de confirmer l'inaptitude de l'héroïne, ignare des choses d'un tel environnement naturel, à accomplir cette destinée de coureuse des bois en fuite permanente, armée d'un couteau et d'une hachette pour tout viatique sous ses lourdes et innombrables jupes d'époque.
Heureusement, le lecteur est un être patient et va jusqu'au bout du bouquin comme d'autres acceptent de finir comme on finit tous. Et c'est là, dans les dernières lignes que nous est délivrée une conclusion métaphysique de la fuite en avant, pour toute une vie de lutte contre le monde entier et avec soi-même.
On a beau aimer la course de survie et la philosophie, la lecture de cet ouvrage est un véritable test d'endurance, pas non plus complètement désagréable dans l'écriture elle même, à ces deux activités aussi respectables l'une que l'autre, mais qui, dans certaines conditions ici réunies, tournent toutes deux au ridicule.