Féminisme ou ironie ?

Le mot d'ordre de Flaubert, écrivain majeur du XIXe siècle, est la modernité. Il sera considéré par ses successeurs comme l'un des pionniers du réalisme et du roman psychologique. La légende veut que le personnage d'Emma Bovary soit né de la lecture d'un fait divers normand : une jeune fille se marie à dix-sept ans à un officier de santé, s'ennuie dans sa province et finit par se donner la mort.

Le personnage de Charles Bovary mis au devant de la scène dès l'incipit s'éclipse rapidement pour laisser place à Emma. Le lecteur découvre une charmante jeune femme, éprise d'absolu et de lyrisme mais également en soif de connaissance. Tout l'inverse de son mari qui au-delà de son physique ingrat se révèle benêt et dépouillé de toute sensibilité artistique. Emma rêve de rencontres exaltées et de l'effervescence culturelle parisienne. Elle trouve refuge dans la littérature, la musique, les caprices financiers et l'adultère. Le "bovarysme" est rentré dans la langue française pour désigner cet état d'insatisfaction permanente.

Lire "Madame Bovary", ce n'est pas seulement rentrer dans l'intimité d'Emma Bovary. C'est la société française toute entière que dévoile Flaubert dans son œuvre. Le lecteur est complètement immergé dans les mœurs françaises du XIXe siècle, de l'agriculture à la culture en passant par la question de l'ascension sociale, de la condition de la femme ou encore de la prépondérance de la religion que Flaubert satirise allégrement.

Les classes sociales y sont tendrement tournées en dérision, de la petite bourgeoisie provinciale à la paysannerie en passant par la noblesse. Une controverse demeure : Flaubert a-t-il voulu décrier cette condition féminine ou bien dresser la satire cinglante d'une femme jugée naïve et inconséquente. Féminisme VS Ironie, la polémique flaubertienne fait rage. Et vous, qu'en pensez-vous ?

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