J'ai du temps, autant commencer par une œuvre qui m'a traumatisée dans ma jeunesse, enfin il y a quelques temps, pas beaucoup mais un peu quand même.
Critiquer un classique littéraire pourrait s'apparenter à une hérésie, pour beaucoup, c'est un classique, point. Je ne suis pas là pour critiquer l'essence de l'œuvre, le style ampoulé va avec son époque et a son charme. En réalité, je parlerai plus de l'impression générale que m'a donnée le livre, celle d'avoir envie de décoller une baffe à l'héroïne à chaque ligne, de la secouer frénétiquement en lui hurlant que c'est une gourde.
Je sais que Flaubert fait une analyse critique de certaines femmes de son époque, mariées trop jeunes, avec des hommes plus vieux pour leur situation, devenant mères au détriment de leur statut de femme. C'est exactement le chemin suivi par son héroïne qui, dans son ennui mortel, après avoir enfanté, cherche l'étourdissement amoureux pour se sentir femme. Sauf que, et c'est là que le bât blesse, elle devient la pire des cruches, se faisant avoir à tour de bras par ses amants.
Donc oui, cette naïveté fait également partie de la critique de son auteur, mais alors pourquoi des dizaines de jeunes filles autour de moi ont soupiré en trouvant la vie de l'héroïne tellement romantique? (Je ne fais pas référence à la période romantique dans laquelle s'inscrit l'œuvre mais bien du côté fleur bleue).
Cela dit oui, je le reconnais, j'ai lu le livre à 16 ans, sans doute avec peu de recul et avec l'esprit d'une jeune fille de son époque ayant des idéaux féministes, mais pour avoir tenté sa relecture il y a peu, j'ai beau avoir gagné 6 ans, je bloque désespérément.
Ainsi, en me relisant, je me rends compte que ce n'est pas tant l'œuvre dans son ensemble qui m'a agacée, mais bien la réaction de mes homologues féminines, qui avaient pris le contenu au premier degré et s'étaient assimilées à l'héroïne. Sans doute suis-je peu tolérante.