Maigret
6.6
Maigret

livre de Georges Simenon ()

Maigret est bouté hors de sa retraite campagnarde par l’arrivée dramatique de son neveu. Policier à Paris grâce à l’entremise de son oncle, Philippe lui révèle avec émotion qu’il est impliqué malgré lui dans une affaire criminelle. Il lui explique son innocence et sollicite son aide.
Voici les faits : Pepito, le patron d’un café identifié par la police comme un repère de petits malfrats de la drogue, a été abattu dans la grande salle pendant la nuit. Or Philippe, qui avait reçu l’ordre de surveiller l’établissement de l’extérieur, s’est la veille avisé de s’y introduire et de se cacher dans le bureau. Au petit matin, paniqué par la découverte macabre, Philippe quitte à toutes jambes le bistrot ; à ce moment-là, par malchance semble-t-il, un individu le bouscule qui devient donc témoin à charge. Sans en rapporter à ses supérieurs, il prend un taxi et débarque donc chez Maigret, lequel est mis à contribution pour sauver l’innocent des affres de la machine judiciaire.
L’affaire criminelle devenue affaire familiale, Maigret devait s’en trouver affaibli ; il l’est d’abord parce qu’il ne serait pas opportun d’intervenir directement en faveur de son neveu – il ne le tente pas, au reste – ensuite parce qu’ayant quitté le Quai des Orfèvres, il ne dispose plus des moyens de la police. Ceci n’a toutefois d’importance pour la narration que dans la mesure où il justifie le truc qui résoudra l’enquête et la partie de verbes qui s’ensuit, habilement menée certes, mais sans grand brio.
Ces quelques pages intéressantes ne justifient pas la lenteur du développement qui y aboutit. L’intrigue qui, sans cet enjeu familial rapidement mis en retrait n’impliquerait que des malfrats sans envergure, peine à captiver. Le style efficace et rapide de Simenon ne suffit pas non plus à compenser le manque de rebondissements d’un récit particulièrement terne où le nom du coupable est d’ailleurs donné assez vite. Les qualités réalistes des récits de Simenon, présentes comme de coutume, n’y apportent ici pas plus de lustre. On s’ennuie aussi bien que Maigret à observer les voyous complices, assis une journée entière à la table d’un café ; et la scène d’action nocturne dans les rues de Paris, le jeu de pistolets et la charge en voiture viennent trop tard réveiller des enjeux qui se sont éteints.
Un Maigret mineur.

ento
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le 18 nov. 2018

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ento

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