Si j'ai lu cette pièce, la première fois, c'est parce que j'avais beaucoup entendu parlé de Sarah Kane, et que c'était sa pièce "dite" la plus accessible.
Pas dans le sens ou elle était moins complexe, ou moins abstraite, mais dans le sens où la violence caractéristique -rendant parfois les scènes injouables- était ici absente.
Manque est un texte amer, dur, plein de regret, tenu par quatre personnes dont on ignore le nom, le sexe, l'âge. Dans le texte, elles sont appelles A, B, C, et D.
A, B, C, et D, ne semblent pas se connaitre, et a vrai dire, ne semblent pas se parler, même si ils viennent parfois à se répondre. Ce sont 4 âmes seules qui hurlent dans la nuit.
Un point commun, un passé douloureux, où quelque chose s'est brisé en eux, et les prive ensuite de toute aspiration à la vie, et cette sorte d'impression que seule la mort peut les libérer. - La violence n'est en fait pas "absente", elle est intériorisée, et on la ressent en lisant ces lignes comme on la ressentirais en voyant le corps mutilé d'une femme battue.
Manque est un texte fort, musical, mais aussi terriblement abstrait, ce qui peut en rebuter plus d'un...