Jurassik tax

Mastodonia est plutôt sympathique, mais ne plaira qu'aux indécrottables amateurs de science-fiction, dont je fais partie, habitués à voir paraître les phénomènes les plus extraordinaires avec pour seul résultat de nous faire, parfois, hausser un sourcil. A l'instar des personnages de ce roman, qui acceptent l'hypothèse du voyage temporel sans sourciller, et qui se préoccupent plus d'échapper au fisc en organisant des safaris de dinosaures, que de la rencontre avec les dinosaures en question.

Mastodonia fait partie de cette veine d'une science-fiction décomplexée, où l'on pouvait tout oser, et effectivement l'on osait tout, avec divers degrés de réussite. Soit un extra-terrestre immorte, exilé sur Terre suite au crash de son vaisseau depuis des temps immémoriaux, ravi qu'on arrive enfin à lui parler, qui se présente comme ingénieur en routes temporelles, ce qui permettra à notre couple de héros de se remplir les poches. Ils créent l'état fictif de Mastodonia, dont ils sont les seuls résidents, si l'on excepte un mastodonte un peu envahissant, afin d'échapper au fisc.

Même si Mastodonia comporte son lot de scènes avec des dinosaures, ce n'est pas un Jurassik park, et la plus grande part de son intrigue repose sur les démêlés juridiques. Ce choix, on s'en doute, forme la limite d'un livre qui choisit de ne pas reposer sur de folles aventures, alors que tout était présent pour cela.

Quant à l'aspect manipulation du passé et ses conséquences, il est évoqué bien sûr, principalement à travers une association religieuse bien décidée à éviter qu'on ne fouille dans la vie de Jésus. Mais qu'on se rappelle la délicatesse de la nouvelle de Bradbury où le voyage dans le passé sert également à organiser des chasses au dinosaure, et par contraste on verra bien la faiblesse de ce volume qui, manifestement, n'a que l'ambition de divertir et choisit pour cela l'option la moins distrayante à sa portée. Une lecture sympathique, certes, mais rien de plus.