Ce « mémo » me laisse extrêmement dubitative et je vois pour expliquer cela deux raisons plausible : soit je suis incapable de comprendre les enjeux écologiques, soit Latour et Schultz n'avaient pas réellement envie de s'adresser à des gens qui n'étaient pas par avance acquis à leur cause et selon leur vision.
Il y a des choses importantes là dedans, ça aide à formuler de façon plus claire peut être ce que c'est que l'écologie politique, à donner un ensemble d'argument plus vaste que mon favori (à savoir « L'écologie sans lutte des classes, c'est du jardinage ») mais... Mais les auteurs ne sont en même temps pas tellement prompt à parler à ceux dont la sensibilité politique ne vient pas directement d'EELV (sans vouloir être trop insultante). Quiconque qui s'intéresse à l'écologie mais n'en a pas fait son combat principal, vu le temps que la convergence des luttes met à être évoquée, ne peut que se sentir mal à l'aise face à ce texte. Latour et Schultz n'utilisent pas une seule fois le « anticapitaliste », semblent par moment désigner la gauche comme tout aussi ennemie que la droite, regardent la tradition marxiste-léniniste (dont ils se revendiquent pourtant par moments) avec de grands yeux, et n'ont pas l'air de s'être intéressé depuis longtemps aux combats que mènent ce qu'ils nomment « les socialismes » (terme qui n'est d'ailleurs jamais explicité). On en vient même à se demander, alors que c'est le propos du bouquin que de l'expliquer, qu'est-ce que c'est en fait que cette « nouvelle classe écologique ». Une autre chose qui m'a déplue, c'est un parti pris des auteurs mais qui pour ma part témoigne d'un manque de sérieux peut être, ou en tout cas fait acte d'un aveu de lègerté, c'est l'absence revendiqué de notes, de sources ou même d'une simple bibliographie indicative et minimale alors même que tout un chapitre du bouquin pointe comme une faiblesse du mouvement le manque d'armes universitaires et culturelles...
J'en viens au bon, puisque je n'aurais pas mis quatre s'il n'y en avait pas : c'est un ouvrage qui donne à réfléchir, que ce soit sur le monde ou sur lui même. Les auteurs ont aussi quelques éclairs de lucidité, comme il m'a plu de les appeler tout au long de la lecture, en ce qu'ils pointent par moment des idées, des concepts, des situations sur lesquelles il y a un espèce d'accord. À défaut d'en faire au capitalisme ne serait-ce que par le choix des termes, j'ai apprécié qu'ils ne fassent pas de concession au (néo-)fascisme (mais devoir m'en réjouïr est peut être l'ultime preuve qu'il n'y a pas grand chose à sauver là dedans...).
Bref, ça donne à penser donc tout n'est pas à jeter mais je ne suis que très peu convaincue par ce Mémo sur la nouvelle classe écologique.