«Je fais partie de ce peuple anonyme des lecteurs. Chacun de nous est assis dans sa chambre, un livre à la main, et nous voyageons dans un immense train qui n'existe pas.»
Deux phrases suffisent pour se découvrir un nouveau frère. Et dans "Minuit dans la ville des songes", il n'aura de cesse à rendre hommages aux livres de sa vie, à la lecture en général et qu'on les ait lus ou pas on comprendra à chaque fois où ils l'ont mené et d'où ils l'ont sorti.
Pour l'heure, c'est lui qui nous fait voyager. Petit garnement au grand cœur, qui déteste l'école et adore sa maman. Qui sait vivre, écouter puis n'en faire qu'à sa tête, rêver plus fort. Il ne sait pas encore qu'il aime lire, mais c'est sa destinée.
Le service militaire obligatoire aura au moins eu ce mérite. À vouloir enfermer un poète qui s'ignore, on fait émerger toute la puissance de sa liberté. De cavales sans but en havre de paix, on vibre de tous les mots que René Frégni nous offre. On aime les merveilleuses personnes qu'il rencontre comme si on avait serré nous-mêmes leurs mains tendues.
Je découvre cette plume qui me parle comme à une amie. Qui sent la Provence et la douce insolence. Qui sait dire "je t'aime" sans le dire et rendre à la simplicité toutes ses lettres de noblesses. Qui nous fait chérir les audacieux, les insoumis, les tendres ouragans de nos vies autant que la permanence et la solidité de ceux qui savent soutenir nos inconstances.