All work and no play make Paul Sheldon a dull boy

De tout ce que j'ai lu de King (c'est à dire très peu), Misery est certainement son livre qui m'aura le plus pris aux tripes, ou en tout cas, le plus mis mal à l'aise. A vrai dire, c'était la deuxième fois que j'avais ressentit ça en lisant quelque chose, cette boule au ventre douloureuse accompagnée par une fascination toute particulière pour ce que je lisais.


La première fois, c'était dans It (toujours de King), avec la mort de Patrick Hoksetter et ces horribles sangsues volantes. Il y avait quelque chose de morbide et de particulièrement malsain dans la façon dont King nous détaillait la scène, de par des descriptions précises et dégueulasses mais aussi par le ton donné à l'extrait.


Dans Misery, cette sensation était décuplée, et c'était lors du passage de la hache. Bref, tout ça pour dire que seul King arrive à me faire frémir face à des lettres et qu'ici, il a en quelque sorte réussi son coup comme jamais.


Alors comme d'habitude chez King, on retrouve tout ce qui fait son style, l'éternel personnage auteur de roman (il en faut toujours un chez King), des clins d’œils à ses œuvres antérieures comme l'Overlook Hotel de Shining et surtout le Maine (même si ici un peu moins cité). Une chose est sûre, c'est qu'on retrouve donc bien ce qui fait le style et l'élégance de l'écriture de Stephen King et en ce qui me concerne, elle m'a toujours plus.


Mais la raison pour laquelle Misery m'a le plus traumatisé, c'est grâce à un détail, il ne s'agit là, aucunement d'un récit fantastique. Misery, c'est une histoire presque tirée par les cheveux, mais paraissant si vraisemblable, qu'elle en devient juste terrifiante. Imaginez-vous simplement les deux jambes dans le plâtre, chez une ex-infirmière raide dingue de vous, mais qui est aussi dingue littéralement. Ce personnage, c'est Annie Wilkes, et bordel, quelle horreur. King est un Dieu dans sa façon d'écrire ses personnages, et ici, il a fait un travail de dingue. Annie Wilkes est certainement son méchant le plus génial tant par sa monstruosité que par sa gentillesse. Car Annie aime Paul Sheldon, l'auteur à succès qui s'est malheureusement retrouvé dans sa chambre d'ami, mais sa personnalité à la limite de la schizophrénie, combinée à une paranoïa des plus alarmantes la rend imprévisible comme aucun autre personnage.


Au début, elle fait des trucs bizarres, faire boire de l'eau salle tout droit sortie d'un seau à Paul Sheldon, le forcer à brûler le seul exemplaire de son dernier livre, le frapper à sa blessure pour le punir. Mais là, ça va encore. Et justement, plus on avance, plus on monte dans l'absurdité et dans l'horreur, les actes d'Annie Wilkes deviennent de plus en plus irrationnels, cruels et tragiques. Du passage de la hache ou celui de la tondeuse à gazon, elle en devient terrifiante mais fait parfois pitié de par son isolement et sa marginalité.


Et c'est ça qui rend ce livre aussi génial, c'est cette relation entre Paul Sheldon et Annie Wilkes. Elle l'a sauvé d'une mort certaine, s'occupe de lui, mais lui fait également du chantage et est capable de le torturer. Et Paul, qui lui doit quand même la vie, désir de plus en plus s'échapper de sa ravisseuse tout en devenant petit à petit soumis à celle-ci.


Enfin bref, tout comme n'importe quel livre que j'ai pu lire de Stephen King, c'est prenant comme c'est pas possible, oppressant et foutrement addictif. J'ai dû m'enfiler la dernière moitié du livre en cinq jours tellement j'étais pris dedans. A ranger dans les indispensables du King.

James-Betaman
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs livres de Stephen King, Livres lus et La collec de livre de James Betaman

Créée

le 20 oct. 2018

Critique lue 425 fois

4 j'aime

James-Betaman

Écrit par

Critique lue 425 fois

4

D'autres avis sur Misery

Misery
Doomy
9

Ou l'angoisse du fan-atique

Misery n'est pas le genre de bouquin ordinaire. Ce n'est pas non plus un Stephen King comme les autres. C'est quelque chose de différent. Une angoisse latente qui se développe au fil du récit, pour...

le 26 sept. 2010

18 j'aime

1

Misery
Imane_el
10

Critique de Misery par Imane_el

Je viens juste de terminer Misery, et j'en tremble encore, Monsieur King aura réussi à me faire passer quelques heures passionnantes en sa compagnie, c'est mon troisième roman que je lis de cet...

le 25 janv. 2015

13 j'aime

2

Misery
Alex_Garçés
8

Fan de...

Misery, mon premier Stephen King... Et certainement mon préféré. Certaines histoires s'oublient presque instantanément une fois le livre lu. Mais Misery n'est pas de ce bois là ! Misery est une...

le 26 févr. 2012

8 j'aime

Du même critique

Coupez !
James-Betaman
4

Tout l'art d'être critique (ou pas)

Le principe même de ce remake avait de quoi intriguer. Ce n’était pas une première pour Michel Hazanavicius de se réapproprier une œuvre filmique afin de lui insuffler un vent de modernité (et son...

le 29 janv. 2023

54 j'aime

28

After - Chapitre 1
James-Betaman
1

Le digne successeur de 50 Nuance de Grey... On pouvait pas espérer mieux

Hier soir, je me suis couché en me disant que la nuit porterait conseil pour ma critique d'After. Tu parle ! J'ai passé la nuit à cogiter dans ma tête, cherchant un truc bien à dire sur ce...

le 18 avr. 2019

52 j'aime

12

The Kissing Booth
James-Betaman
1

La pire représentation de la jeunesse que j'ai pu voir dans un film

J'ai eu une discussion avec un ami sur beaucoup de choses, notamment sur la société et les jeunes. Cet ami, qu'on va appeler Jack, parce que ça sonne bien, m'avait livré ce qu'il considère comme...

le 15 août 2018

46 j'aime

15