Moderne ? Comment le cinéma est devenu le plus singulier des arts

Fiche technique

Auteur :

Jacques Aumont
Genres : Essai, Cinéma & télévisionDate de publication (France) : avril 2007Langue d'origine : FrançaisParution France : avril 2007

Éditeur :

Cahiers du cinéma
ISBN : 9782866424176, 9782866424176

Résumé : Se demander si le cinéma a pu être moderne n'est pas une question de critique d'art : pour le critique et déjà l'historien de l'art contemporain, « le moderne », c'est le nom d'une époque révolue, née vers le dernier tiers du 19e siècle, morte quelque part à la fin du 20e. Le cinéma, né hors de l'art, a toujours eu un rapport tangentiel et variable avec la sphère artistique. Pourtant, la question se pose, parce que, à différentes époques, on a voulu le revendiquer comme « moderne ». Le cinématographe des frères Lumière, invention d'ingénieurs typiquement 19e, avait par lui-même un parfum de modernité, mais occulté sous les sujets apparemment triviaux des « vues » qu'il servit à produire. Le cinéma muet fut pris dans la même équivoque, et rares furent ceux qui - tels les surréalistes - perçurent son lien intime avec la modernité dans l'entre-deux-guerres. A partir de Welles, le cinéma semble devenu majeur, il fait oeuvre, il peut sans honte se comparer aux autres productions de l'esprit ; avec Rossellini, l'enjeu est tout autre : le cinéma participe d'un nouvel esprit du lieu et du temps, il s'immerge dans une réalité qu'il n'est plus question de comprendre d'en haut. La Nouvelle Vague, qui s'inspira autant de l'une que de l'autre de ces versions, fut peut-être le seul moment euphoriquement moderne de l'histoire du cinéma : des films qui voulaient coller à leur époque, en témoigner, mais dans une liberté créatrice égale à celle de l'artiste. Les années 60 virent éclor