Michel Bussi réunit dans Mon cœur a déménagé deux axes de son talent, le suspens et son empathie, ou plutôt sa tendresse pour les âmes cabossées par la vie. Cette humanité qui affleure, comme sa gentillesse et sa simplicité en interviews, elle éclate dans le récit de la vie de Poucette.


Dès les premières pages, le ton est juste, la problématique posée et la peur pour cette petite fille de sept ans, Ophélie, extrêmement présente. Elle vient de perdre sa joie, sa mère, après une dispute de ses parents. À la place, elle enferme son malheur dans un grand trou noir au plus profond d’elle-même, afin de le cacher aux yeux des autres.


Mais, un jour, tout va éclater. Le lecteur ne sait ni quand, ni comment, ni sur qui, véritablement. Alors, il s’immerge dans le décryptage de signes, tout en accueillant cette haine qui consume la jeune Folette.


Appelée aussi Poucette, tant Michel Bussi lui témoigne sa tendresse, elle grandit et s’écorche aux griffes de l’adolescence, toute proche, certainement trop, du gouffre qui la consume. “Comment empêchez un gamin du foyer de jouer avec le feu ?”


Un bras tendu lui évitera la chute mais ne la guérira pas de sa soif de vengeance. Et tout au long des plus de quatre cents pages, le lecteur suit, impuissant, ce ressentiment qui ne quitte plus l’héroïne brûlant sa soif de vivre avant qu’elle ne s’exprime.


Récit d’une revanche

Michel Bussi dédie ce roman à tous les professionnels du social et c’est un juste retour, car les descriptions, à part l’éducatrice Béné, sont gentiment gratinées : un directeur encombré par la réputation de sa boîte, une déléguée de l’ASE dévoreuse d’espoir, un psychologue, vieux et trop fatigué pour défendre ses patients et un directeur général, n’en parlons pas !


Mais, Mon cœur a déménagé est une fiction avec une fin qui le rappelle parfaitement, même s’il fait penser à un conte ! Michel Bussi déroge à son petit fétichisme de donner des titres en rapport avec des chansons. Ici, c’est une série de contes de la collection Rouge et Or qui assurent le fil rouge.


Implanté dans les années 80, à Rouen, dans sa Normandie natale, Mon cœur a déménagé de Michel Bussi offre un thriller qui se démarque des stéréotypes du genre actuel, loin du côté sanguinolent et effrayant. Comme toujours, la psychologie est au centre de son récit, et son empathie est le moteur de l’histoire. Additif, impossible de le reposer avant de l’avoir fini ! Un si excellent roman !


Chronique illustrée ici

https://vagabondageautourdesoi.com/2024/01/22/michel-bussi-mon-coeur/

matatoune
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le 22 janv. 2024

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