Mon pauvre lapin par Cyril T

Les gens qui mettent toute l’autofiction dans un même panier et considèrent l’ensemble du genre avec mépris, ça me rend dingue. Mais ce qui m’énerve encore plus, ce sont les petits livres nombrilistes qui tendent à leur donner raison : Mon pauvre lapin est de ceux-là, et je pourrais presque basculer dans le camp des anti-autofiction bêtes est méchants tant je me fous des états d’âme de ce « pauvre » étudiant de Science-Po hypocondriaque et geignard qui va prendre des vacances en Floride avec l’argent de sa mamie pour écrire son premier livre. Certes, être privilégié n’empêche pas d’être inadapté socialement, et c’est tout le propos de Mon pauvre lapin, mais mon empathie a clairement des limites : se raconter oui, mais est-il vraiment nécessaire de faire une telle tartine sur de banales années un peu solitaires dans un collège de bourges du centre de Paris et sur le divorce des parents (ouin maman déménage à Montreuil, quel drame !) ?

L’objectif de Morgiewicz est clairement de faire passer la pilule en maniant l’humour, et il faut reconnaître que certains passages sont drôles et qu’il manie bien l’auto-dépréciation sarcastique, mais avec un systématisme qui finit par être lourdingue : on dirait plus ou moins un blog autobiographique du début des années 2010, adresses au lecteur factices comprises, ou du stand-up mou style Paul Mirabel.