A ce niveau la, c'est de l'art

Mon pauvre Lapin est donc la première œuvre de César Morg... Morga, bref, César-avec-un-nom-polak-incompréhensible. Un récit que je soupçonne fort d'être en partie autobiographique (si ce n'est pas le cas, c'est très bien imité), écrit par un auteur avare en interview et détails sur sa propre vie.

Bref, César est un autiste (pas diagnostiqué apparemment, mais il aime les trains, et tous les autistes aiment les trains, c'est bien connu), couvé et étouffé par sa mamie et ses amies, là où ses parents s'en foutent un peu de lui. Ce qui marque, c'est le style; si le narrateur est désespéré, il conte ses aventures avec un détachement olympien et une gouaille contagieuse. Et, au vu du désastre qu'est sa vie, il y a matière à rigoler.

Et donc, ce roman est drôle. Vraiment très drôle.

Non, vraiment, à chaque coin de page, il y a au moins une ligne qui fera exploser de rire le lecteur. Que se soit pour la description de l'urgence d'aller aux toilettes pour satisfaire une envie oh combien naturelle sans pour autant déranger ses camarades de coloc, les allusions à la bisexualité de César, l'horreur qu'il éprouve pour sa belle famille, sa passion dévorante pour la RATP, César a toujours un punchline à la fois désespérée et cruelle résumant sa pauvre situation.

Mon pauvre lapin, c'est ce roman où l'on se délecte des malheurs du narrateur et de son interminable chute, et ce d'autant plus qu'il est totalement consentant pour nous livrer le récit de sa misérable (affectivement parlant) vie.

Mais, soyons justes; c'est aussi un excellent roman d'apprentissage en direction des gens "différents" disons nous. Parce que, même pour les gens pas gâtés par la nuter, ne pas baiser n'est pas une fatalité.