Mrs. Dalloway
7.3
Mrs. Dalloway

livre de Virginia Woolf (1925)

Mrs Dalloway is always giving parties to cover the silence

Mrs Dalloway est un roman extrêmement déroutant, à ne pas mettre entre toutes les mains.

Déroutant parce que ce flux et reflux de la conscience est particulièrement difficile à suivre. On passe d'une conscience à une autre, de celle d'une femme comme Clarissa qui sent sa fin approcher, de celle d'un fou, ou encore d'une pauvre prof d'histoire amoureuse de son élève. Tout s'emmêle. Les consciences se répondent, se superposent. Il n'est évidemment pas facile de tout comprendre dans Mrs Dalloway. Mais on a l'impression d'avoir accès à toute la richesse de la pensée humaine. Rien que pour cela, on peut reconnaître un immense mérite à Virginia Woolf : elle a tout simplement retranscrit tout ce qu'il peut se passer dans un cerveau humain.

Déroutant parce que Clarissa Dalloway est une femme compliquée. J'étais partagée entre l'envie de la détester et de l'aduler. C'est qu'elle est pénible parfois, avec ses interrogations sur sa vie, ses plaintes, son besoin VITAL de faire cette fucking party (pardonnez moi l'expression) dont l'évocation revient comme un leitmotiv dans le roman. Au fond, ce n'est pas faire une réception qu'elle veut, mais se montrer - puisqu'elle ne vit que par son image -, se sentir au contact des autres. En même temps, elle est tellement à part, un brin féministe, altruiste, obnubilée par ceux qui l'entourent. Je crois que je l'aime bien, finalement, Clarissa.

Déroutant parce que c'est un roman pessimiste, empreint d'une profonde mélancolie et d'un grand mal de vivre. Septimus l'incarne le mieux, ce pauvre poète déchu, traumatisé par la guerre. Accéder à ses pensées est un régal. Le portrait tracé à travers sa conscience de la condition humaine, des médecins, de la mort, n'est pas bien joyeux. Si vous voulez rire, achetez vous plutôt des carambars. Mrs Dalloway est avant tout un roman sur la mort - prémonitoire de la triste fin de l'auteur.

Déroutant parce qu'il ne se passe...pas grand chose. Surtout, ne vous attendez pas à une intrigue. La prouesse de Virginia Woolf est d'évoquer une seule journée de la vie d'une femme, où il ne se passe quasiment rien, sans nous ennuyer une seconde. Les pensées de ses personnages sont tellement profondes, tellement riches, qu'il est impossible de détourner son regard du roman et de vouloir passer à autre chose.

1 mois après l'avoir lu, Clarissa Dalloway et sa réunion finale de morts, me hantent encore.

Merci Virginia.
Clairette02
9
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le 23 janv. 2012

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Clairette02

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