Il y a des livres comme cela qui nous échappent. Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur en fait partie et ma fréquentation de Sens Critique m’a fait franchir le pas.
Présenté comme un ovni (c’est le seul livre publié par son auteur Harper Lee), il l’est bien un peu. L’auteur y a mis toute son enfance avec un humour léger, une absence de mièvrerie notable et une justesse de ton remarquable. C’est par le regard d’une enfant, sauvageonne touchante, que se dévoile la vie d’une petite ville américaine, oscillant entre légèreté et fantasmagorie des jeux d’enfants et prise de conscience des injustices de la société américaine.
La découverte du racisme par cette enfant, sa prise de conscience effarée mais jamais appuyée, est un des plus beaux aspects du roman. La subtilité de l’alliance entre la naïveté, la révolte, la distance, l’acceptation, l’engagement, et finalement la construction d’une conscience est absolument superbe.
Certes, certains dialogues sont répétitifs. Certes, la rencontre entre l’aspect thriller, le roman social et le roman d’apprentissage se fait parfois de façon un peu artificielle, surtout à la fin, à mes yeux un peu décevante. Mais tout cela baigne dans une atmosphère portée par un style jamais pesant qui donne une certaine harmonie à l’ensemble et porte le lecteur – parfois même jusqu’aux confins d’une certaine étrangeté, dans des scènes pourtant très réalistes.
Moins noir que l’Attrape Cœur de Salinger, peut-être plus profond, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est quand même bien un petit miracle, au même titre que La vie devant soi de Gary.

jaklin
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs livres américains

Créée

le 1 août 2018

Critique lue 969 fois

27 j'aime

24 commentaires

jaklin

Écrit par

Critique lue 969 fois

27
24

D'autres avis sur Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur
Queenie
10

Critique de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur par Queenie

Ce livre est vraiment magnifique, je l'ai dévoré. Tout est Parfait. Cette famille (père, deux enfants : un garçon et une fille) avec ce père génial, doux, compréhensif, seul, qui ressemble à un sage...

le 17 août 2011

44 j'aime

6

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur
Gand-Alf
9

Cet instant fugace que l'on nomme l'enfance.

Se motiver enfin à lire un classique de la littérature américaine alors que l'on a déjà vu l'adaptation cinématographique il y a des années de cela, sans en garder le moindre souvenir. Se sentir...

le 17 juin 2016

39 j'aime

3

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur
jaklin
8

La justesse de ton

Il y a des livres comme cela qui nous échappent. Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur en fait partie et ma fréquentation de Sens Critique m’a fait franchir le pas. Présenté comme un ovni (c’est le seul...

le 1 août 2018

27 j'aime

24

Du même critique

L'Étranger
jaklin
8

L’ athéisme triste ou le triste athéisme

Après l’approche assez originale de Daoud, il est temps de revenir sur un devenu classique hors- norme : L’ Étranger de Camus. Tant il est me semble t’il aimé pour de mauvaises raisons : une langue...

le 22 août 2018

56 j'aime

91

Douze Hommes en colère
jaklin
9

La puissance du Bien

« 12 hommes en colère » est l’un des films que j’ai le plus vus, avec fascination, avec émotion. C’est un huis-clos étouffant donnant pourtant à l’espace réduit une grandeur étonnante – et le...

le 17 févr. 2019

52 j'aime

34

Les Français malades de leurs mots
jaklin
7

La langue chargée

Etudiant l’abâtardissement de la langue française , Loïc Madec met à nu une France « ahurie et poltronne ». De la culture populaire au jargon des élites, la langue révèle le profond affaiblissement...

le 26 juil. 2019

49 j'aime

125