The Surrogate Jurors Murderer

6ème aventure mettant en scène le personnage de Holly Gibney (6,5, même, en comptant la nouvelle Si ça saigne).

La première chose qui frappe dans Never Flinch, c'est sa rapidité. L'action commence littéralement dès la première page et ne s'interrompt jamais. Ce n'est pas toujours rapide, mais c'est toujours en action. Pire : le surnom de l'assassin constitue le premier mot du roman (donc je ne divulgâcherai rien en l'appelant Trig).

King entremêle deux actions : un tueur, Trig, qui assassine des innocents choisis au hasard dans la rue en substitution, en remplacement d'autres personnes; et une militante féministe poursuivie par quelqu'un qui cherche à la tuer. Le point commun entre les deux histoires sera Holly elle-même, bien entendu.

Never Flinch a une construction impeccable. Les deux actions convergent pour avoir une résolution au même moment et dans un même lieu, ce qui donne un final plein de tension pendant quasiment cent pages. King sait aussi ménager ses révélations exactement au bon moment. Le roman est une mécanique savamment réglée.

Pas d'horreur ni même de fantastique ici. Nous avons un polar marqué par ces personnages dérangés dont King raffole, ces personnages dont il décrit à la perfection la descente progressive dans la folie.

Never Flinch est un roman sur la dépendance, l'addiction. Il s'ouvre sur une réunion des Alcooliques Anonymes (lieu qui aura de l'importance dans le déroulement du roman) et développe le thème sous d'autres aspects : un tueur qui devient accroc au meurtre, ou l'assistante de la militante féministe qui décrit les sensations qu'elle ressent lors des meetings comme "un fix". En tant qu'ancien addict lui-même, King sait de quoi il parle, et cela renforce l'aspect de "dépossession de soi", de personnages qui ne contrôlent plus rien, qui se laissent emporter par leurs passions.

Il est possible de dire que Never Flinch est un roman féministe, dans le sens que la quasi totalité des personnages principaux sont des femmes : Holly, Kate (la militante féministe) et son assistante Corrie, Isabelle Jaynes (la policière, déjà rencontrée dans le roman Holly), Sista Betty (chanteuse de soul qui fait son grand come back), Barbara Robinson et même quelques personnages secondaires marquants comme la femme de l'avocat.

Ici, une fois de plus, King s'attaque, entre autres, au fanatisme religieux qui empoisonne son pays (je ne dirais rien de plus, pour ne rien spoiler).

Sans le moindre temps mort, Never Flinch ne brille sans douter par son originalité, mais c'est un divertissement qu'on ne lâche pas. Et c'est déjà bien.

(si j'osais, je parlerais de cette put*** de dernière page, qui agit comme un twist final).