Noa Noa
6.9
Noa Noa

livre de Paul Gauguin ()

Il s’agit du récit de la rencontre de Gauguin avec Tahiti, île où il débarqua en 1891 pour fuir la vie occidentale, artificielle et conformiste. Noa Noa, « odorant » en tahitien, retranscrit ses impressions de voyage, les sensations qui l’ont marqué au fil des jours. Le peintre y effleure les êtres ambrés, les paysages parfumés, les femmes secrètes et sculptées, les idoles énigmatiques… Entre fiction et réalité, ce récit évoque également sa jeune, très jeune compagne, Teha'amana célébrée par une voix légère et irradiante qui demeure naïvement en surface et ne parvient pas à résoudre son mystère. Cependant l’évocation de son union avec elle nous met quelque peu mal à l’aise, notamment en raison de son âge (13 ans) et du rapport ambigu que cela induit dû à ce qui s’apparente à l’affirmation de la domination du « civilisé » sur le « sauvage ». Cependant le regard porté sur l’« indigène », est à revers de la doxa occidentale : Gauguin découvre chez les « Maories » une nature originelle, authentique et sincère loin d’une artificialité hypocrite qui a fait perdre à la civilisation européenne toute sa valeur, ayant perdu de vue l’originelle condition de l’homme. C’est alors pour le peintre le lieu d’une prise de conscience qui le réconcilie avec lui-même en lui offrant une compréhension de la nature qui a échappé à l’Occident.
Peu à peu, nous assistons ainsi à l’éclosion d’essences mystérieuses et lumineuses saisies dans une atmosphère sensuelle et fascinante. L’écriture oscille entre visible et invisible pour faire surgir un souffle, un enchantement. C’est aussi l’expression de l’inspiration, qui s’épanouit dans sa peinture et sa sculpture dont nous contemplons la naissance.
Le récit s’accompagne enfin de quelques poèmes de Charles Morice, qui lui suggéra d’écrire ce témoignage d’abord pour servir sa peinture mais aussi pour transmettre l’âme de l’île et la relation que le peintre entretient avec elle.
Cette œuvre révèle finalement, comme l’évoque Gauguin dans un entretien publié par l’Echo de Paris le 13 mai 1895 : « Ce qu’exhale Tahiti ».

MarianneCense
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le 28 avr. 2021

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Marianne Cense

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