Avant d'ouvrir le livre, j'ignorais qui était Nûdem Durak et mes connaissances sur la situation politique et sociale au Kurdistan étaient assez floue. Le récit-témoignage de Joseph Andras m'a vraiment ouvert les yeux. L'auteur a passé de nombreuses semaines dans le sud-est de la Turquie où a vécu Nûdem - la jeune artiste emprisonnée pour 19 ans - a rencontré des membres de sa famille, a pu échanger avec des personnes qui l'ont connue, qui ont souffert comme elle de la répression policière et d'une justice aux ordres. Il s'est aussi imprégné de la géographie des paysages qu'il a traversés et a compris, en observant quartiers vides, maisons abandonnées et ruines, ce qui s'est passé avant ses séjours.
Joseph Andras écrit dans un français soigné, sans emphase ni pathos. Défenseur de la cause kurde, tout particulièrement en Turquie, apporteur de témoignages poignants, il nous fait aussi prendre conscience de la situation contrastée pour les Kurdes selon l'Etat dans lequel ils résident.
Chaque court chapitre est suivi par une ou deux pages écrites par Dûrem, dans lesquelles elle évoque dans une belle langue poétique sa jeunesse, ses engagements, la dureté et la brutalité féroce du gouvernement turc à l'égard des Kurdes.
Un livre essentiel.