Nuit d'été
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Nuit d'été

livre de Dan Simmons (1991)

« Au milieu de la nuit, les pensées deviennent des zombies »

J’ai eu du mal à entrer dans ce livre qui m’est tombé dans les mains pour ainsi dire par hasard : quelque cinquante pages dont j’étalais la lecture sur plusieurs jours furent nécessaires à l’immersion attendue.

Une fois plongé dans le récit, je dois admettre avoir été surpris par la qualité de la narration ainsi que par la culture variée que brasse l’auteur dans un grand mouvement éclectique tout délesté de m'as-tuvuisme.

« Nuit d’été » fait partie de ces bouquins trépidants qui vous scotchent littéralement et vous contraignent à lire de nuit : meilleur moment pour éveiller les tendances pétochardes et coller des sueurs froides.

L’action se déroule à Elm Haven, petite ville fictive du Midwest, typée d’un charme rustique, composée de maisons défraichies par le fil des jours, où les enfants se réjouissent d’aller gouter les légumes frais chez les vieux du bourg, où ils s’ébrouent en liberté dans les fabuleuses hétérotopies des bois et des champs...

Cette petite bourgade, voisine de la Peoria d’origine de l’auteur, avec ses gamins joueurs et son cinéma en plein air, laisse supposer que le récit s’abreuve des souvenirs d’enfance de Simmons et de facto une bien jolie nostalgie imprègne « Nuit d’été ».

Car s’il est question d’une sombre histoire de malédiction dont la nature sera très vite acquise par le lecteur quoique l’ampleur de l’entreprise maléfique reste sous le couvert du suspens, le vrai plaisir réside dans la description très vivante des relations au sein du groupe d’enquête formé par les enfants, à tel point que j’en étais venu à reléguer au second plan l’aspect fantastique relativement classique, malgré quelques scènes glaçantes, pour savourer la délicieuse torpeur estivale qui alourdit Elm Haven.

La joie de raconter est la principale marque de fabrique du livre, Simmons aime ses personnages, l’encre et le papier s’accordent magiquement sous sa plume pour animer son univers littéraire; toutefois, en dépit de cet amour sincère, il n’hésite pas à malmener ses héros avec une violence quelquefois choquante : les rebondissements de l’histoire savent laisser pantois.

Livre double par conséquent : d’une part promenade bucolique revigorante, d’autre part enquête brutale, avec des passages hollywoodiens, le tout mêlé de satanisme…Œuvre composite avec un contraste efficace, parfaite pour la détente et stimulante pour l’imaginaire.
Luxien
7
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le 27 janv. 2015

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Luxien

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