Orbitor
7.6
Orbitor

livre de Mircea Cărtărescu (1996)

Les voies de l'édition sont impénétrables.


Prenez Orbitor. D'abord publié chez Denoël avant de sortir en poche en Folio SF, on est en droit de se demander ce qu'un tel livre fabrique dans cette catégorie genrée de littérature. Orbitor, de la SF ? Je ne peux pas m'empêcher de voir là un choix très discutable et finalement assez réducteur. Certes, la littérature de genre est avant tout de la littérature - on ne me fera pas dire ce que je n'ai pas dit - mais le livre de Cărtărescu aurait certainement moins dénoté en Folio "tout court" qu'en Folio SF. Même si c'est certainement en Poésie Gallimard qu'il aurait, à mon avis, le mieux trouvé, à défaut d'un public, sa place.


J'imagine qu'il faut argumenter maintenant. Orbitor est un roman qui... non... non... Orbitor n'est pas exactement un roman. Oui, c'est un récit fictionnel en prose et donc, techniquement, c'est un roman. Mais... mais, impossible à résumer et dénué de tout fil narratif clair - je mets d'ailleurs quiconque au défi de m'en pitcher la trame - ce livre fou et illisible (c'est lui-même qui le dit) est plus un recueil d'impressions, d'images abstraites, de souvenirs énigmatiques de l'auteur et de visions fantasmée de sa mère, le tout mis bout à bout selon un ordre apparemment aléatoire. Et le caractère SF, me direz-vous. Mis à part de nombreux passages à l'imagination foisonnante et délurée, le livre n'en a aucun. Si Orbitor est de la SF, la moitié de votre bibliothèque blanche en est également.


Daté de 1996, soit bien avant son Grand Œuvre Solénoïde, ce livre de Mircea Cărtărescu traitait déjà de thèmes similaires : obsession pour la mémoire, réflexion sur le travail d'écriture, mise en abîme de l'auteur écrivant son propre ouvrage, entre autres. De même, Orbitor est laissé à la libre interprétation du lecteur. Ce long poème en prose, qui sollicitera sacrément votre vocabulaire passif, est parsemé de papillons, de ceux qui volettent dans les pages à celui imprimé sur la peau de la mère du narrateur, autant de tâches d'encre dans lesquels, à l'image du test de Rorschach, vous pouvez voir ce que votre esprit vous autorise. Ou ne rien voir du tout. Auquel cas le mieux est encore de laisser la plume magnifique mais exigeante de l'auteur vous porter vers des horizons résolument inédits.


Et pour en revenir aux voies de l'édition, elle sont d'autant plus impénétrables qu'Orbitor est aujourd'hui épuisé, en poche comme en broché. Drôle d'idée de perdre un tel titre de son catalogue.


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TmbM
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le 4 août 2019

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