Dans "Ou bien ... ou bien..." Søren Kierkegaard, à travers son pseudonyme Victor Eremita, présente son concept des trois stades de la vie : esthétique, éthique et religieux.

Bien loin de le faire à travers un système philosophique abstrait, il le fait de manière vivante à travers différents personnages qui se répondent durant les trois parties du livre.

J'ai trouvé ce livre très intéressant ; on observe une quantité de personnages, mais au fond, c'est de se choisir nous-même qu'il s'agit. Je dois néanmoins avouer que certaines parties étaient un peu longues (comme celle sur le don Juan de Mozart).

Esthétique

Le premier stade, le stade esthétique est la sphère d’existence des possibilités, de l'absence de choix et de l'immédiateté. C'est une vie guidée par les désirs, une vie de poésie, une vie où règnent les émotions. Les aphorismes du début du livre reflètent bien cela :

À quoi puis-je servir ? À rien du tout et à n'importe quoi. C'est une
habileté rare; mais sera-t-elle appréciée ? Se peut-il vraiment qu'on
engage des jeunes filles qui cherchent une situation "comme bonne à
tout faire", ou à défaut de ça : "à faire n'importe quoi ?"

Ce stade est ensuite mis en lumière par une critique de l'opéra de don Juan de Mozart. Critique qui vante son génie et l'utilisation de la musique pour transmettre ce que des mots ne pourraient pas.

La psychologie de multiples personnages sont décortiquées. Pour l'esthète, observer une multitude de personnage c'est aussi voir l'infinité des possibilités que nous pourrions incarner.

Pourtant l'esthète ne se choisi jamais lui-même, il reste dans la contemplation des choix, et s'il revêt momentanément l'habit de l'un, s'est pour tout aussitôt le changer pour un autre.

La vie de l'esthète est tournée vers les désirs et la manière de les assouvir, dans le chapitre "Assolement", c'est l'ennui qui est désigné comme ennemi et l'amusement comme destinée ; c'est l'ennui qui est combattue, pas l'oisiveté. C'est ensuite tout un art de se divertir qui est déployé.

Enfin, le dernier passage concernant la sphère esthétique est celui du journal du séducteur. Ici un certain Johannes veut séduire une femme nommée Cordélia. La séduction se fait conquête et c'est de véritable plans d'attaques qui sont échafaudés pour arriver à ses fins. Mais quand enfin elle s'abandonne à lui, alors elle ne peut plus l'intéresser.

Éthique

Sans cette partie le livre perdrait son sens. C'est là où un véritable dialogue prend forme.
Le mariage est d'abord vanté dans "légitimité esthétique du mariage". Puis il est question de "l'équilibre entre l'éthique est l'esthétique". Par rapport à la première partie, la manière d’appréhender le temps est bousculée, ce n'est plus l'instant qui détermine tout, c'est la continuité.

Mais il est question avant tout de faire le choix de faire le choix entre le bien et le mal :

Si c'est ainsi tu comprendras encore une fois pourquoi je disais, dans
ce qui précède, et pourquoi je continue à dire, que le "ou bien - ou
bien" que je posais entre la vie esthétique et la vie éthique, n'est
pas un dilemme complet puisque au fond il n'est question que d'un
choix. Par ce choix je ne choisis pas au fond entre le bien et le mal,
mais je choisis le bien, - et en choisissant le bien, je choisis eo
ipso le choix entre le bien et le mal. Le choix originel est toujours
présent dans tout choix suivant.

Et de se choisir soi-même :

De même qu'un héritier ne possède pas avant sa majorité les trésors du
monde entier, même s'il en est l'héritier, ainsi la personnalité la
plus riche même n'est rien avant de s'être choisie elle-même et la
personnalité la plus pauvre qu'on puisse imaginer est tout lorsqu'elle
s'est choisie elle-même; car la grandeur ne consiste pas en ceci ou
cela, mais se trouve dans le fait d'être soi-même; et il est dans le
pouvoir de tout homme de l'être s'il veut.

Religieux

Le stade religieux est assez peu développé dans ce livre. Il l'est d'avantage dans "Crainte et Tremblement" du même auteur. Pour autant, le dernier chapitre "Ultimatum" présente ce mode d'existence. C'est un ami pasteur de l'auteur fictif de la partie éthique, qui s'exprime à travers un sermon sur "l'édification que nous procure la pensée d'avoir toujours tort à l'égard de Dieu".

Note : j'ai fait cette critique presque un an après avoir lu ce livre, des imprécisions ou des erreurs peuvent s'être sournoisement glissées.

Waltharnack
9
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Créée

le 14 mars 2024

Critique lue 33 fois

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