Camus doit probablement des thunes à Oliver Gloag. C'est un démontage en règle. Comme tout démontage, ça vise large et pas toujours juste.
La partie d'analyse sur les écrits de Camus est assez brouillonne et parfois semble de mauvaise foi.
Mais le livre reste pertinent et nécessaire sur l'aspect politique (ou plutôt apolitique) de Camus et ses oeuvres. Son flou artistique entretenu sur les applications concrètes de son humanisme fait de lui un token mobilisable par la droite pour s'arroger une pensée politique creuse en opposition à la gauche. Ne pas prendre parti, c'est aussi prendre parti pour les dominants. Bref, l'héritage politique de Camus semble avoir dépassé le flou que lui même avait construit de son vivant et ce livre le montre bien pour redessiner un profil plus intelligible de l'homme, son colonialisme, son passéisme, voire son approbation d'une hégémonie raciale blanche.
Plutôt que d'oublier Camus, le livre nous invite à mieux cerner son héritage pour ne pas faire de lui une figure nébuleuse qui dépasse tout clivage. Camus a des positions, même dans sa passivité supposée, et il faut les comprendre pour remettre en question l'utilisation que nos figures médiatiques et politiques contemporaines en font aujourd'hui.