Outresable
6.7
Outresable

livre de Hugh Howey (2014)

Après SILO, rejoignez la lumière avec OUTRESABLE

Bon, je m’éloigne un peu des romans noirs pour revenir à une autre de mes passions littéraires, la science-fiction. Difficile pour moi de dire lequel de ces deux genres je préfère et ça se ressent certainement dans mes livres. En espérant ne pas être seul à vivre ce dilemme, faute de quoi je vais chercher longtemps mon lectorat…


Mais assez parlé de moi, cet article étant consacré à Hugh Howey découvert grâce à la trilogie « Silo » que je recommande vivement dans ces temps de confinement. Cette série vous permettra de relativiser notre malheur en compagnie de nos descendants enfermés depuis des lustres à l’intérieur d’une immense structure cylindrique enterrée qui les protège d’une atmosphère mortelle. Attention, claustrophobes, veuillez passer votre chemin ! Une fois cette précaution prise, tous les autres, je vous assure, pas d’hésitation, ces romans doivent rejoindre au plus vite vos étagères ! Dès les premières lignes, vous ne pourrez plus les lâcher, obsédés que vous serez par la nécessité de comprendre les raisons de la création de cet univers concentrationnaire où l’humanité, fidèle à elle-même, se révèle capable du meilleur comme du pire. Et chaque résolution provoquant toujours plus de questions, vous ne serez pas au bout de vos peines, à votre plus grand plaisir, jusqu’à un dénouement que j’ai trouvé à la hauteur des enjeux distillés tout le long du récit. Alors, foncez les yeux fermés ! De toute façon, il n’y a plus de lumière…


Avant de très vite replonger, l’auteur rejoint la surface avec Outresable, campant son histoire dans des immensités désertiques qui n’ont rien à envier à Dune, certainement pour lui une référence (et me laissant penser que son roman est aussi un hommage, ce qui, pour le fan de Frank Herbert que je suis, me le rend d’autant plus sympathique !). Néanmoins, nous ne visitons pas ici une lointaine planète exotique peuplée de vers titanesques, mais bel et bien notre bonne vieille Terre que, décidément, Hugh Howey aime bien torturer. Cette fois, il pousse le vice en la recouvrant d’un manteau de sable épais de plusieurs centaines de mètres. Bien entendu, il se garde bien d’en expliquer la raison, égrenant juste quelques pistes le long du récit, et se concentre plutôt sur la description du quotidien de ces groupes de survivants qui vivent à l’abri des quelques gratte-ciels assez haut pour n’avoir pas été totalement ensevelis. Les plus riches squattent ces ruines qui sont les derniers témoignages encore visibles du passé légendaire de leurs ancêtres, quand les miséreux doivent se contenter de constructions précaires se blottissant dans leurs ombres. Mais alors, me direz-vous, si leur biotope se compose uniquement de sable, comment peuvent donc bien faire ces gens pour boire et se nourrir ? Eh bien, c’est simple, ce peuple a développé une économie du pillage en recyclant une vieille technologie qui liquéfie le sable en émettant des vibrations. Équipées de ce matériel, des combinaisons leur permettent d’atteindre les trésors des abysses. Bien entendu, seuls les plus audacieux osant les revêtir pour disparaître dans le sol, les plongeurs, bénéficient d’un statut à part, auréolé de gloire. Sans surprise, l’auteur choisit ses personnages parmi eux, alternant les points de vue des gamins d’une même famille qui a été abandonnée, quelques années plus tôt, par un père parti en quête d’une terre meilleure. Nous suivons donc Vic, l’aînée, capable de rejoindre des profondeurs indécentes, Palmer, le cadet qui la talonne, Conner, le troisième et adolescent, réduit à s’occuper de Rob, le dernier, pendant que leur mère doit vendre son corps pour assurer leur pitance. De quoi mettre en scène des relations bien compliquées…


L’histoire commence avec un des premiers contrats acceptés par Palmer qui, en découvrant une nouvelle ville ensevelie, va exacerber les tensions et chambouler l’équilibre précaire dans lequel tout ce petit monde tente de survivre. L’action s’accélérant au fil du récit, nous avons juste le temps de souffler pour réaliser que l’auteur nous a conduits jusqu’à son terme en posant plus de questions qu’il ne nous propose de réponses. Vous l’avez compris, si j’ai apprécié ce roman et son ambiance, il m’a finalement laissé un peu sur ma faim, me consolant néanmoins à l’idée qu’il ne s’agit certainement que d’un premier tome. Cela dit, mes pérégrinations numériques n’ont malheureusement pas permis de le confirmer. Alors, croisons les doigts pour que Hugh Howey nous offre très vite une nouvelle occasion de naviguer avec lui sur la mer de dunes !

StéphaneFurlan
7
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le 24 mai 2021

Critique lue 881 fois

4 j'aime

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