Il n’est pas facile d’évoquer le livre d’une personne que l’on connaît. Ce n’est pas la première fois que je pratique cet exercice, mais cette fois, j’ai ressenti une véritable proximité avec l’auteur à travers ce récit autobiographique : peut-être est-ce dû au genre, peut-être à cette passion pour la musique qui nous relie…
Une proximité teintée de nostalgie, car ce récit exprime avec acuité et une grande justesse un sentiment souvent abordé, mais que l’on pourrait croire usé : l’amour.
L’amour n’est pas si simple à saisir. Beaucoup s’y essaient sans toujours réussir. Ici, chaque mot le rend tangible, vivant, au cœur du lecteur. Des mots choisis avec soin, mais simples, dépourvus de toute prétention, qui laissent le sentiment s’exprimer sans voile ni détour. Des mots évoquant des instants précieux, arrachés à la mémoire.
Noëlle raconte ces moments partagés avec sa grand-mère Pauline. Son approche impressionniste repose sur une structure réfléchie, qui lui confère toute sa force, révélant un véritable talent d’écrivain.
Tout est subtil, élégant, délicat, pour évoquer un amour pudique, qui n’a jamais eu besoin de grandes démonstrations ni de déclarations. Un amour qui s’est inscrit dans les petits gestes du quotidien, au fil des saisons, dans le jardin qui accompagne la vie. Un chien qui saute, un repas préparé, des bûches fendues, la mort du grand-père, une épopée amusante lorsque Pauline décida de renouveler le tissu des couvertures — un projet qui dura des mois…
Ce sont ces petits riens de la vie, pourtant essentiels, qui forment l’essence même de ce qui nous lie à ceux que nous aimons.
Bravo, Noëlle : tu as su saisir l’insaisissable, exprimer l’inexprimable, et partager généreusement ce don précieux qu’est la capacité d’aimer.