Plan d'évasion par LeChiendeSinope
Le propre de l'auteur, c'est peut-être de réécrire indéfiniment la même chose, mais en utilisant d'autres mots.
En 1940, Bioy Casares publie l'invention de Morel, consacré par son ami Borges comme un authentique chef-d'oeuvre, et depuis devenu l'un des classiques de la littérature américaine (et de la littérature tout court). Que se passa t-il alors dans l'esprit d'Adolfo ? Qu'est ce qu'un auteur peut écrire ensuite ? Il peut vivre éternellement de ses rentes, en se félicitant d'avoir écrit un chef-d'oeuvre. Il peut écrire autre chose. Il peut écrire la même chose.
Plan d'Evasion reprend la trame de l'Invention de Morel, peu ou prou. Un homme arrive sur une île, et fait face aux mystères qui s'y déroulent. Ici, le mystère ne réside non pas dans la survenance d'évènements prétendument surnaturels, mais dans le comportement inexplicable des personnages. On pense un peu à Kafka, d'abord. On ne comprend pas, au contraire du narrateur qui lui, a tout compris d'avance, puisqu'il nous détaille les lettres reçues de son neveu, la victime des personnages étranges de ces îles maudites. Un neveu d'ailleurs lui-même étrange, solitaire, cynique et désabusé.
La chute pourra surprendre, voire décevoir, elle ne manque en tout cas pas d'originalité, et aussi de poésie.
Un roman qui parle d'amour, de mystères et d'éthique.